En France, seul 1% de la population serait officiellement atteint de maladie coeliaque, affection auto-immune de l’intestin qui, en réaction au gluten, entraîne diarrhées, nausées, douleurs osseuses… Mais 5 à 10 % d’entre nous, qui constatent des migraines, des ballonnements et/ou un phénomène de fatigue quand ils absorbent des aliments riches en gluten, s’y disent intolérants. Accusé pêle-mêle de perturber la digestion, de favoriser les kilos en trop, voire de diminuer l’éclat de la peau, le gluten est de fait devenu le grand méchant loup des healthystas et des adeptes de la détox. Bilan : les ventes de produits "no glu"ont littéralement doublé depuis l’année dernière et de plus en plus de restaurants multiplient les plats "sans", quand ce n’est pas toute la carte. Et si depuis le début on s’était trompé de coupable ?
Publiée dans la très sérieuse revue américaine Gastroenterology, une étude menée en Norvège et en Australie semble mettre le gluten hors de cause. Les chercheurs ont mené l’enquête sur 59 personnes dites "intolérantes", réparties en trois groupes : l’un devait consommer pendant plusieurs semaines des barres de céréales contenant du gluten, le deuxième des barres contenant du fructane, le dernier des barres ne contenant ni l’un ni l’autre. Résultats : seul le groupe ayant consommé des barres avec du fructane a ressenti les lourdeurs et ballonnements caractéristiques. D’où l’hypothèse que ce serait le fructane, et non le gluten, qui provoquerait ces symptômes.
Également présent dans le blé, le fructane est une chaîne de fructoses qui se trouve aussi dans des aliments ne contenant pas de gluten, comme les asperges, les poireaux, l’ail, l’oignon, le pissenlit, les artichauts… C’est ce qui expliquerait que les régimes sans gluten ne permettent pas d’abolir complètement les symptômes. Et pour cause : en s’interdisant les aliments contenant du gluten, on éviterait la plupart des sources de fructanes, mais pas toutes. Est-ce que cela veut dire qu’il va falloir se priver d’encore plus d’aliments ? Pas forcément, mais, si les résultats de cette première étude demandent encore à être confirmés, une chose est sûre : en matière de nutrition, mieux vaut se méfier des effets de mode.