On ne parle jamais autant de quelqu’un que le jour de sa mort. Danièle Darrieux, Mireille Darc, Jeanne Moreau ou Jean Rochefort, pour ne citer que les derniers disparus célèbres, n’en savent plus quelque chose. Le 20 novembre 2017, un homme les a tous supplantés en terme de notoriété : Charles Manson, commanditaire de crimes perpétrés sur sept personnes, dont l’actrice Sharon Tate, femme de Roman Polanski, en 1969. Un fait-divers qui, dit-on, a donné un coup d’arrêt à l’hédonisme des 60s. « EVIL DEAD, Satan, garde lui une place à côté de toi. » a titré le New York Post. « Brûle en Enfer ! » a préféré le Daily News. L’acteur Corey Feldman a twitté : « Ding dong, le sorcier est mort » et le blogueur Perez Hilton y est allé de son « Enfin une bonne nouvelle ! »
Charles Manson has died! What a great way to end the night! pic.twitter.com/4n4OeKv6Ie
— Perez (@ThePerezHilton) 20 novembre 2017
Journaux ou célébrités ont rivalisé de créativité, et pourquoi pas d’humour, pour commenter la disparition d’un homme qui avait un tel sens de l’autopromotion qu’il s’était gravé une croix gammée sur le front au moment de son procès pour marquer les esprits et susciter la terreur. "Il représentait une sorte de figure mythique, celle du mal absolu, nous a confié au téléphone l’écrivain Simon Liberati qui a décrit les dernières heures de Sharon Tate dans le très bon livre California Girls. C’était le Hitler de la pop. Un garçon qui a eu une vie épouvantable, et dont le personnage médiatique a été construit par la justice américaine. Lui-même a toujours dit pour se défendre qu’il était le fruit pourri de l’Amérique, son miroir déformant."
Pendant ses quarante années de prison, Charles Manson a reçu des tas de lettres d’admiratrices dont l’une, Aftan Burton, aurait pu devenir sa femme si la justice américaine n’avait opposé son veto. Le chanteur Marilyn Manson lui a emprunté son nom. Neil Young a raconté sa cavale dans la chanson On the Beach. La série Aquarius en a fait son personnage principal et la série Mindhunter, actuellement sur Netflix, évoque son nom à plusieurs reprises. Devant la liste interminable des artistes et œuvres qu’il a influencés, on pense à cette chanson du groupe Les Innocents en 1992 "On se souviendra de ceux qui commettent un crime, de tous ces chasseurs de prime, et d’oublier la vie d’un homme extraordinaire."
California Girls, de Simon Liberati, Grasset, 342 pages, 20 euros.