
Vous pensiez bien faire en jetant vos déchets plastiques dans votre poubelle jaune ? Nous aussi. Mais la réalité est tout autre puisque tous ne sont pas forcément recyclés en France. Parfois, ils sont même envoyés bien loin de nos frontières. Certains pays émergents étant devenus les décharges du monde.
Depuis les années 1990, les pays du nord les plus riches, envoient leurs poubelles en Afrique et en Asie pour qu’ils y soient triés. Des montagnes de déchets (plastiques, chimiques, numériques…) sont ainsi exportés vers la Chine, la Malaisie, les Philippines et le continent africain en toute légalité. Et pour cause, selon la convention de Bâle, qui régularise depuis 1992 les mouvements transfrontaliers et l’élimination des déchets dangereux, les gouvernements ne peuvent pas exporter leurs déchets toxiques sans le consentement des destinataires. Ces exportations ne posent donc aucun problème juridique dès lors qu’elles font l’objet d’accords. Mais pourquoi les pays émergents acceptent-ils de tels cadeaux empoisonnés ? Premièrement parce qu’il y a encore quelques années, la majorité des objets qu’ils recevaient étaient réutilisables et parce que, pendant longtemps, ils en ont eu besoin pour produire leurs propres emballages et produits en plastique. Les pays exportant des déchets électroniques hors d'usage vers l'Afrique l’ont d'ailleurs longtemps fait sous couvert de dons, les déchets devenant ainsi des biens de seconde main. Surtout, ce processus coûte bien moins cher aux sociétés de tri européennes faisant de ces échanges un business très lucratif, aujourd’hui totalement à la dérive.
Ainsi, la Malaisie, les Philippines, bon nombre de pays africains et avant eux, la Chine, doivent composer avec les déchets des occidentaux. Mais certains ont décidé de prendre les choses en main. En 2018, la Chine a interdit l’importation sur son sol de vingt-quatre types de déchets différents, provoquant une panique mondiale. Et pour cause, rien qu’en 2018, l’Union européenne exportait la moitié de ses plastiques collectés et triés, dont 85% vers la Chine. "Nous avons constaté que de grandes quantités de déchets de mauvaise qualité, et même de déchets dangereux, sont mélangées avec des déchets solides. (...) Cela pollue sérieusement l'environnement de la Chine", avait alors expliqué le ministère chinois de l'Environnement dans une notification à l'Organisation mondiale du commerce. Les pays exportateurs s’étaient donc tournés vers d’autres états du continent asiatique, déplaçant la difficulté au lieu de lui trouver des solutions. Problème : ils emboîtent le pas du gouvernement chinois et ne veulent plus des déchets des pays du Nord. La Malaisie va ainsi retourner 450 tonnes de déchets vers le Japon, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Il se pourrait également que la France reçoive sa part puisque tous les ans, l’Hexagone exporte plusieurs centaines de tonnes de plastique vers ce pays. Les Philippines s’apprêtent également à renvoyer 69 conteneurs stockés sur leur territoire depuis des années vers le Canada. La France, le Royaume-Uni et les États-Unis vont donc bientôt devoir trouver une nouvelle destination pour leurs déchets plastiques, et ce pourrait bien être l’Afrique. Qui croule déjà sous les déchets électroniques…
Autre problème (et pas des moindres) : l’explosion du nombre de décharges illégales dans des pays qui ne savent plus quoi faire de nos déchets. A l’occasion de la Journée mondiale de l'environnement, Konbini a d’ailleurs mis en lumière le problème en révélant des images des décharges sauvages en Malaisie où l’on retrouve d’ailleurs beaucoup de plastique français. Le gouvernement semble avoir pris connaissance du problème. On attend ses (ré)actions.