
On oublie Cannes, son tapis tout rouge et ses stars qui grimpent les marches en essayant de ne pas trébucher… Alors que la planète cinéma a les yeux rivés sur la Croisette en quête de ragots, de scoops people et (éventuellement) de bons films, la vie continue dans les salles obscures et, bonne nouvelle, ces dernières accueillent des fictions qui méritent le déplacement même si elles ne figurent pas dans le grand raout de la compétition cannoise.
En tête de liste : Séduis-moi si tu peux !, de Jonathan Levine, une comédie US qui a le bon goût de miser sur l’insolence, l’incorrection et, surtout, d’offrir un rôle en or massif à Charlize Theron, une actrice qui n’en finit pas de nous étonner en bien depuis quelques saisons. Après avoir, l’an passé, cloué au pilori les poncifs sur la maternité forcément heureuse dans Tully, de Jason Reitman, la blonde hitchcockienne apparaît aujourd’hui dans la peau de Charlotte Fields, une femme politique qui bosse à la Maison Blanche auprès d’un Président abruti qui ferait presque passer Donald Trump pour un modèle d’élégance et de délicatesse.
Ambitieuse jusqu’au bout des ongles, Charlotte décide de se présenter aux prochaines élections présidentielles et peut nourrir de sérieux espoirs d’être la première à accéder à la fonction suprême. Hélas pour elle, ou plutôt tant mieux, réapparaît dans sa vie l’improbable Fred Flasky, un journaliste loser qu’elle a connu autrefois puisqu’elle était sa… baby-sitter, ce qui valut au gamin Fred ses premiers et précoces émois érotiques. Plusieurs décennies plus tard, Fred est toujours ému dans sa tête et ailleurs par Charlotte et cette dernière, amusée par le pedigree improbable du journaliste, décide de l’engager pour écrire ses discours.
Une comédie romantique mal élevée sur fond de campagne électorale américaine… Même si les ressorts scénaristiques de Séduis-moi si tu peux ! ne se distinguent pas tous par leur subtilité et même si le film, comme tant d’autres, est bien trop long (près de deux heures… ), la chose mérite d’être découverte pour son impertinence, son portrait au vitriol des us et coutumes de la vie politique U.S et, last but not the least, pour la prestation impeccable de Charlize T., irrésistible dans la peau de la politicienne cynique qui, progressivement, s’aperçoit que son existence ne rime à rien. Face à Seth Rogen, excellent dans la peau du trublion anar, l’actrice, tout en élégance, humour et sensualité, prouve une nouvelle fois qu’elle vaut beaucoup mieux, que son image intimidante de beauté glacée et glaciale. Le feu sous la glace ? On vote pour.
Séduis-moi si tu peux, de Jonathan Levine, avec Charlize Theron, Seth Rogen… Sortie le 15 mai.