On regarde : “Pitch”, un drame solide
Le pitch
Acclamée par la presse, admirée des petites filles, la joueuse de base-ball Ginny Baker décroche le Graal ultime : devenir la première femme à jouer en Ligue majeure. Mais voilà, l'arrivée de la lanceuse dans l'équipe des San Diego Padres n'est pas vue d'un très bon œil par ses nouveaux coéquipiers.
Notre avis
Dès sa première séquence, Pitch démontre sa capacité à planter un décor, un personnage, une ambiance sans se perdre. La caméra suit Ginnie Baker, de sa chambre d'hôtel à son arrivée au stade, tandis que les commentaires des journalistes posent l'enjeu principal du pilote (voire de la saison) : cette jeune femme, devenue un vrai phénomène médiatique, sera-t-elle capable de relever l'immense challenge qui se dessine ? Fiction sur le monde du sport oblige, il est question du dépassement de soi et des sacrifices inhérents à la pratique d'une discipline de haut niveau. Peu importe les clichés : mettre au centre du récit une athlète féminine, jouée avec brio par Kylie Bunbury, représente déjà une révolution en soi. Qu'il s'agisse de dresser le portrait psychologique de l'héroïneà travers sa relation avec son père, ou de nous faire vivre le match comme un supporter devant sa télé… Le showrunner Dan Forgelman remplit son cahier des charges avec un premier coup d'essai réussi. Bonus : c'est l'occasion de revoir Mark-Paul Gosselaar (oui, c'est bien Zack de Sauvés par le gong sous cette barbe) dans un rôle où il excelle.
Pitch de Dan Fogelman et Rick Singer avec Kylie Bunbury et Mark-Paul Gosselaar. Inédit en France.
On teste : l'apocalypse feel good de “No tomorrow”
Le pitch
Employée pour une entreprise de e-commerce semblable à Amazon, Evie avance dans sa petite vie tranquille en ne prenant aucun risque. Le jour où elle rencontre Xavier, un hipster persuadé que la fin du monde surviendra dans huit mois, elle ose enfin sortir de sa zone de confort.
Notre avis
Il fût un temps où The CWétait le quartier général des séries pour ados, à l'instar des remake deBeverly Hills ou de Melrose Place. C'était bien avant que la chaîne change son image de marque et devienne un vrai territoire de créativité, révélant des pépites comme Jane the Virgin ou Crazy Ex-Girlfriend. A première vue, No Tomorrow ne se hisse pas encore au niveau de ces deux comédies décalées, mais on y retrouve cette même atmosphère lumineuse, légère et colorée. Il s'agit d'un show post-apocalyptique, porté par un vrai optimisme, dans lequel la fin du monde apparaît comme une chance de renouveau. Qu'il soit fou ou visionnaire, Xavier pousse Evie, maniaque de l'ordre, à bousculer ses habitudes en rédigeant son “Apocaliste” (liste des choses à faire avant l'apocalypse). L'aspect comédie romantique fonctionne très bien, en partie grâce à la performance de Victoria Anderson qui parvient en rien de temps à rendre son personnage attachant. Mais attention à ne pas trop capitaliser sur le quotient sympathie et le sex-appeal des deux têtes d'affiches...
No Tomorrow de Corinne Brinkerhoff et Scott McCabe, avec Joshua Sasse et Tori Anderson. Inédit en France.
On teste : les voyages dans le temps de “Frequency”
Le pitch
L'enquêtrice Raimy Sullivan découvre qu'elle peut communiquer avec son père, décédé en 1996, grâce à une vieille radio.
Notre avis
Les années passent, mais les voyages dans le temps fascinent toujours autant. Effacer ses regrets, rattraper les minutes perdues, revoir ceux qui ont disparu… A travers les possibilités infinies offertes à leurs personnages, ces fictions jouent sur nos peurs contemporaines (passer à côté de sa vie ) et réalisent nos fantasmes (pouvoir changer le cours des choses). Mais comme tout fan de Retour vers le futur le sait très bien, manipuler le passé ne se fait pas sans conséquences. C'est ce que découvre l'héroïne de Frequencyà ses dépends, en voulant sauver son père d'une mort certaine. Ne s'embarrassant pas de détails historiques (hormis le Wonderwall d'Oasis qui ponctue notre plongée dans les années 90), l'intrigue repose sur la relation entre l'héroïne et cet homme parti trop tôt. Si la trame générale comporte aussi un volet policier, c'est en axant sur l'aspect humain que la série se démarque… et évite l'écueil de la science-fiction sans âme.
Frequency de Jeremy Carver avec Peyton List et Riley Smith. Inédit en France.
On zappe : la comédie dispensable “American Housewife”
Le pitch
Katie, une mère au foyer en surpoids, peine à trouver sa place à Westport, une banlieue dans laquelle règne un véritable culte du corps.
Notre avis
Avec Speechless, lancée en cette rentrée, ABC confirmait sa place de leader en matière de sitcoms familiales. Mais, à trop vouloir décliner ce genre, la chaîne se casse les dents avec la faussement subversive American Housewife. Quel paradoxe pour une série visant à dénoncer l'obsession de la minceur de mettre en scène une héroïne dont l'unique caractéristique est d'être en surpoids. Si seulement l'obsession de Katie pour ses kilos en trop était l'aspect le plus agaçant de cette comédie single caméra... Non, il y a aussi ces enfants insupportables, des clichés ambulants seulement définis par leurs toc, leur obsession pour l'argent ou leur narcissisme. Pire encore, cette voix-off (procédé à manier avec parcimonie) qui casse le rythme sans ajouter la moindre touche d'humour. Vous l'aurez compris : il y a mieux pour occuper son temps.
American Housewife de Sarah Dunn avec Katy Mixon et Diedrich Bader. Inédit en France.