Il n’y a pas que Star Wars dans la vie du cinéma… Alors que le énième épisode de la saga intergalactique envahit les multiplexes et ravit les comptes en banque des vendeurs de popcorns, une jeune réalisatrice algérienne, Sofia Djama, 35 ans, fait parler d’elle avec un premier film audacieux. Avec Les bienheureux, un titre qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre, la réalisatrice suit au plus près une poignée de personnages qui, quel que soit leur âge, pataugent dans l’indécision. Samir veut croire coûte que coûte en un avenir plus juste dans son pays.
Amal rêve de s’inventer une existence digne de ce nom de l’autre côté de la Méditerranée, comme nombre de ses amies qui ont opté pour l’exil, loin des barbus et de leurs délires liberticides. Fahim observe le malaise de ses parents et, avec ses deux meilleurs amis, erre dans les bas-fonds de la ville en quête de paradis artificiels. Au cours d’une nuit où les trois personnages arpentent Algerà la recherche de lieux accueillants et tentent de surmonter de multiples entraves (barrages policiers, restos où l’on refuse de servir les femmes…), Sofia Djama, sans jamais s’abîmer dans la dissertation en images, met en scène la réalité d’un pays où vivre sa vie et assouvir ses désirs ne relève en rien de l’évidence, surtout quand on est une fille. Remarquablement interprété par des acteurs motivés - entre autres Sami Bouajila, Nadia Kaci et la jeune Lyna Khoudri -, ce premier film étonnant et émouvant mérite de ne pas passer inaperçu dans l’embouteillage des sorties hebdomadaires.
Les Bienheureux, de Sofia Djama, avec Sami Bouajila, Nadia Kaci, Lyna Khoudri… Sortie le 13 décembre.