Ça devait le démanger depuis longtemps, ce vieux grigou gauchiste de Guédiguian: aborder dans l’un de ses films le thème des migrants. Et il a fini par en faire entrer quelques-uns – un peu aux forceps - dans sa Villa de La Ciotat baignée de soleil où se retrouvent une sœur ( impeccable Ariane Ascaride) et deux frères autour d’un père agonisant. Quand les jeunes (et un peu trop dodus) migrants débarquent, Angèle, Joseph et Armand sont déjà en lutte avec mille problématiques. En vrac : la peur de vieillir et de ne plus être désirable, la perte d’un enfant, la déliquescence du milieu ouvrier, le racisme, la dépression des personnes âgées, la sublimation par l’art, la rude vie des pêcheurs des calanques, le retour à la nature.... Ouf ! Cela fait beaucoup ! Alors parfois ça coince un peu (l’emphase romantique du pêcheur qui récite du Claudel). Mais il y a aussi de nombreux moments de grâce : toutes les scènes avec Jean-Pierre Darroussin,étonnant en réac au cœur d’or, par exemple. Et c’est peut-être cela que l’on retient le plus. Parce qu’après tout, ce film est un condensé de tout ce que l’on doit se fader en même temps dans la vie et que la caméra de Robert Guédiguian, toujours aussi bienveillante, sonde magnifiquement l’âme humaine.
Sortie le 29 novembre