#1 Elles sont uniques
Ibeyi, c’est l’OVNI de la pop contemporaine. D’abord parce que Lisa-Kaindé et Naomi Diaz sont polyglottes. Et ça s’entend dans leurs chansons en anglais, en yoruba (langue chantée à Cuba et parlée au Ghana, au Togo et au Bénin) et en espagnol : “Nos influences viennent de nos ancêtres africains déportés à Cuba, explique Naomi, où la musique est partout. On a grandi en les écoutant.“ Attention, pas de world music au programme: leur son est à la fois soul, pop, électro et R’n’B. Après un premier albumépuré et plutôt calme, les sœurs Diaz se lâchent avec Ash : “On voulait une énergie plus animale, plus viscérale, qui fasse danser les gens.““Si ça ne tenait qu’à moi , ajoute Naomi, je n’aurais fait que des morceaux pour twerker !“ La fougue un peu rebelle de sa sœur fait sourire Lisa. D’ailleurs, elle lui a écrit et dédié une de leurs nouvelles chansons, “I Wanna Be Like You“. Jumelles, elles sont loin d’être identiques. “Elle est beaucoup plus instinctive et joyeuse que moi, confie Lisa. On est complémentaires mais tellement différentes. Notre nouvel album traduit son incroyable vitalité, alors que le premier me ressemblait davantage.“
#2 Elles sont féministes
Dès leur premier album, les Ibeyi ne s’embarrassent pas d’apparats sexy, préférant miser sur la séduction naturelle de leur musique. D’autant qu’elles ont appris le chant auprès de leur mère, dans des chorales de yoruba et les percussions grâce à leur père, le célèbre percussionniste Anga Diaz, membre entre autres du groupe Buena Vista Social Club. Avec Ash, elles allient la parole et l’action. “No Man Is Big Enough For My Arms est une chanson pour les femmes, pour se donner l’estime qu’on mérite“, explique Lisa. Ce titre s’inspire du livre de Jennifer Clement, qui fut l’amante de Basquiat, où elle raconte sa relation avec l’artiste, mais aussi d’un discours de Michelle Obama sur la condition féminine. “C’est une femme arrivée au sommet qui affirme cependant que son histoire est également celle des autres. Ses mots nous ont beaucoup touchées. Les femmes sont fortes. Si on a accès à l’éducation, on peut se suffire à nous-mêmes.“ L’ancienne First Lady n’est pas la seule femme de tête à apparaître sur ce nouvel album, puisqu’on y entend aussi des extraits du journal de Frida Kahlo, qu’elles admirent pour son indépendance, son avant-gardisme et son don à “transformer la douleur en beauté“.
Crédit : Amber Mahoney
#3 Elles sont engagées
Lisa et Naomi sont claires : avec cet album, elles ont voulu parler des sujets qui les taraudent depuis des années, sur lesquels elles échangent toutes les deux à la maison. Par exemple, “Away Away“ pourrait être une simple ballade au refrain accrocheur, à chanter à tue-tête sans se poser de question. Or, c’est de notre quotidien dont parle Ibeyi, “ce sentiment de regarder par la fenêtre, voir le monde se détériorer et se sentir passive, explique Lisa. C’est pour ça qu’on a aussi fait des hymnes comme Deathless, pour que ceux qui l’écoutent se sentent puissants“. Avec cet album, les jumelles partagent leurs convictions et peurs face au malaise grandissant de la civilisation, sous l’emprise de tension politiques et religieuses. “Mais si on n’a plus de rêves, plus d’espoir, on meurt“, commente Naomi.“Il faut montrer qu’ensemble, on va y arriver, ajoute Lisa. Avec ce disque, on a écrit tout ce qu’on avait besoin de dire et d’entendre. On ne veut pas prêcher, on transmet une vision qui n’engage que nous.“
#4 Elles ont un carnet d’adresses bien rempli
En 2016, Beyoncé postait sur Instagram le clip des jumelles, “River“, avant de les inviter dans la vidéo de “Lemonade“. La même année, elles chantaient au défilé Chanel organisé à Cuba. Début 2017, on les voyait apparaître dans le dernier film d’Edouard Baer, Ouvert la nuit. Vous avez dit grand écart ? C’est bien simple, tout le monde les aime. Forcément, quand elles ont lancé les invitations pour leur second albumAsh, personne n’a refusé. On trouve donc le saxophoniste chouchou des rappeurs américains, Kamasi Washington, le pianiste Chilly Gonzales, la chanteuse Mala Rodriguez, la musicienne Meshell Ndegeocello... Qu’on se rassure, Lisa et Naomi restent les deux stars de l’album : “Sur notre premier disque, on ne voulait pas de collaborations extérieures car on avait peur d’être déstabilisées. Là on se sent plus fortes et on a pu s’ouvrir aux autres.“ Et le duo avec Beyoncé, c’est pour quand ? “On adorerait mais il faut être patientes… On rêverait aussi de travailler avec Kendrick Lamar“. Le message est passé !