Si la pratique est parfois mal perçue, c’est qu’elle est finalement peu connue. Le libertinage 2017 est bien loin de l’image un peu glauque du club de seconde zone où les hommes font la loi et où les femmes vont à contrecœur pour « la paix des ménages ». La BD Une vie d’échangiste sortie en juin (éditions Carabas), démonte les clichés véhiculés par l’imaginaire collectif. Nous avons confié nos idées reçues à Sagace, auteure du scénario et échangiste avertie.
#1 Libertinage et échangisme, c’est la même chose
Mettons-nous déjà d’accord sur ce qu’est le libertinage. Littéralement c’est “une façon de vivre sans respecter les bonnes moeurs“. Ce qui veut dire que c’est avant tout un état d’esprit qui concerne toutes les sexualités hors des sentiers battus et du “couple tout seul“. Le terme regroupe plans à trois, à quatre, mélangisme (plusieurs couples, parfois avec des célibataires, qui ont des relations sexuelles en groupe mais sans pénétration hors couple), et effectivement échangisme, c’est à dire un 2+2 où les partenaires sont échangés. L’échangisme est donc une “branche“ du libertinage.
#2 C’est pour tromper l’ennui
“L’échangisme me tente, mais je me dis que si j’ai besoin de ça pour pimenter mon couple, c’est que quelque chose ne va pas“ raconte Héloïse, 31 ans. C’est à la fois vrai et faux. “Cela permet de se créer un espace récréatif et de faire sortir la sexualité du décor de la maison, de la routine du samedi soir, précise Sagace. Mais ça ne concerne pas que des gens qui s’ennuient dans leur couple et surtout pas des couples fragiles. Au contraire, il faut être extrêmement solide et se faire une confiance totale pour éviter les rancœurs. Cela peut relancer un couple un peu usé mais qui s’aime toujours. En revanche, si la relation bat vraiment de l’aile, cela n’arrangera rien, ce serait la même erreur que de faire un enfant pour sauver son couple.“
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#3 Échanger c’est tromper ?
C’est certainement le cliché qui a la dent la plus dure. Cette impression d’infidélité déguisée, c’est ce qui rebute Paul, 24 ans : “Je ne suis pas partageur. Ça pourrait être marrant mais mon égo ne supporterait pas de voir ma copine prendre du plaisir avec un autre, j’aurais l’impression d’être cocu et en plus d’avoir donné mon accord". Là encore, si les règles sont posées à deux, lelibertinage reste un jeu. “Il faut le voir comme un Monopoly plaisante Sagace, le but c’est de faire ça en couple. On va une première fois en club seulement pour regarder, et si ça nous tente, on fixe nous-même nos limites, et surtout, on débriefe après chaque expérience pour être toujours raccord“. En revanche, avoir dit oui une fois n’est pas une autorisation à durée indéterminée. Même dans un coupleadepte de la pratique, si l’un des deux partenaires recommence dans le dos de l’autre, et surtout sans lui, là oui c’est tromper !
#4 C’est une pratique anarchique
Certains voient encore les clubs échangistes comme des bordels déguisés. Mais la pratique est ultra-codifiée et à moins de choisir le club à 3 euros l’entrée derrière la gare routière, il n’y a jamais aucune pression ni obligation de passer à l’acte. Chaque lieu a ses propres règles, mais ce sont toujours les femmes qui décident. “C’est la règle d’or, insiste Sagace, ce sont les femmes qui gèrent tout, qui disent oui ou non, les hommes sont en retrait, ils ne font que ce qu’on les autorise à faire, et chaque dérive est recadrée immédiatement. Par ailleurs, ce sont des lieux où il y a toujours du monde et beaucoup de vigils, donc il y aura toujours quelqu’un pour faire respecter les règles. Cela peut-être bien plus rassurant que de se retrouver un peu livrée à soi-même dans une chambre avec deux ou trois autres personnes."
“Une vie d’échangiste, Sagace et Monsieur le Chien, éd Carabas, 14,90 €