1. Rosetta (1999)
Coup d’essai, coup de maîtresse ! A la toute fin du siècle dernier, une jeune actrice belge de 17 ans crève l’écran dans Rosetta, des frères Dardenne, Palme d’or au Festival de Cannes en 1999. Dans la peau précocement usée d’une prolo "ordinaire" qui cherche par tous les moyens à trouver une place dans la société, l’actrice débutante sidère et prouve que les partitions les plus rudes ne lui font pas peur. Pour son premier film, Emilie Dequenne est sacrée par un prix de la meilleure actrice au même Festival de Cannes. D’autres n’auraient pas su enchaîner après une consécration si précoce. Elle, si.
2. La vie d’artiste (2006)
Cora rêve de devenir une star de la chanson, mais, pour l’heure, elle doit se contenter de cachetonner dans un bar spécialisé dans le karaoké… Emilie Dequenne apprécie les comédies, pourvu que ces dernières affichent de la fantaisie et du style. L’actrice le prouve dans ce film malin, qui s’amuse avec les mirages de la célébrité. Bien entourée par Sandrine Kiberlain et Denis Podalydès, elle y pousse la chansonnette sans fausses notes.
3. A perdre la raison (2012)
Plus dérangeant, tu meurs… Devant la caméra de l’excellent Joachim Lafosse (auteur, récemment, de L’économie du couple, avec Bérénice Bejo et Cédric Kahn), Emilie Dequenne incarne Murielle, qui vit en couple avec son compagnon Mounir (Tahar Rahim) chez le ténébreux docteur Pinget (Niels Arestrup). Les relations au sein du trio ne cessent de s’envenimer au fil du temps, jusqu’au pire... Manipulation, dépendance, démence : dans ce film perturbant, l’actrice, tout en ambiguïtés et souffrances silencieuses, touche en plein cœur. Un de ses meilleurs rôles, si ce n’est le meilleur.
4. Pas son genre (2014)
Coiffeuse à Arras, Jennifer rêve du grand amour et croit le rencontrer en la personne de Clément, un jeune prof de philo qui, à son grand désarroi, vient d’être nommé dans le Nord de la France… L’idylle entre les deux amants ne pèsera pas lourd face aux différences sociales et culturelles qui les affligent. Devant la caméra de son compatriote Lucas Belvaux et face à l’excellent Loïc Corbery, Emilie Dequenne stupéfie une nouvelle fois dans la peau de cette héroïne dont la candeur et la naïveté ne sont qu’apparentes.
5. Maman a tort (2016)
Emilie Dequenne, 35 ans, est du genre fidèle. Alors qu’on la retrouvera bientôt dans le nouveau film de Lucas Belvaux (Chez nous), l’actrice renoue aujourd’hui avec Marc Fitoussi, le cinéaste de La vie d’artiste. Dans cette comédie futée, elle incarne Cyrielle, une mère divorcée qui entraine sa fille de 14 ans dans sa compagnie d’assurances, histoire que cette dernière puisse valider son stage de troisième en entreprise. Sur place, la fille s’aperçoit que sa maman est contrainte par sa hiérarchie de traiter par le mépris les dossiers des cas sociaux les plus délicats. Entre radiographie d’une relation mère-fille et description amère du monde "enchanté" de l’entreprise, le film, sur un mode léger, vise juste et se distingue joliment de l’ordinaire. Les meilleures scènes doivent beaucoup à l’interprétation subtile d’Emilie Dequenne, une comédienne qui n’a jamais besoin d’en dire beaucoup pour émouvoir.
"Maman a tort", de Marc Fitoussi, avec Emilie Dequenne, Jeanne Jestin, Sabrina Ouazani… Sorti 9 novembre.