
Dites 33
Une Amérique oubliée, loin des mégalopoles. Vic, une lycéenne douée pour le dessin, rêve d’un avenir meilleur, d’un métier autre que celui de sa mère femme de ménage et de faire ses études dans une grande école d’arts plastiques. Son ultra-créativité lui procure un pouvoir, celui de se créer un raccourci et d’aller précisément là où elle doit être quand elle traverse un pont couvert sur sa moto. Elle va devoir s’en servir pour traquer Charlie Manx, un vieillard bien flippant, qui enlève des enfants délaissés par leurs parents et qui se pavane en Rolls. Et pourquoi NOS4A2, pardi ? Parce que c’est le numéro d’immatriculation de la Rolls et que ça se prononce "Nosferatu".
Attendrissante monstruosité
Presque dix ans après la fin de Heroes, Zachary Quinto a de nouveau succombé au rôle du grand méchant loup. Dans ce conte horrifique digne de Charles Perrault, Manx n’est pas vraiment un vampire tel qu’on les connaît, même si le nom "Nosferatu" y fait clairement référence. Bien qu’il ait aussi des dents bien acérées. Il ne se nourrit pas du sang des enfants, il vampirise leur énergie au cours d’un long trajet dans sa belle voiture jusqu’à Christmasland. Un voyage au cours duquel il rajeunit à mesure que les cernes et les joues des enfants se creusent. Il conduit ses victimes dans cet endroit refuge, où c’est tous les jours Noël, où la tristesse est illégale. C’est donc une sorte de croquemitaine un peu timbré qui se prend pour un Père Noël d’un genre nouveau. Toute la subtilité du personnage, assez grandiloquent, réside dans sa psychologie. Il pense sincèrement "sauver" les enfants et sa cruauté n’est que l’écho d’une blessure qui n’a jamais cicatrisé. Sans aucun doute, Zachary Quinto est délicieusement malaisant dans ce rôle !
L’autre Amérique
Dans le rôle de Vic, Ashleigh Cummings hypnotise. Elle dégage une force vitale indéniable. Elle se démène aussi bien pour échapper à sa condition sociale que pour traquer Manx. Au fil des épisodes, NOS4A2 s’applique à dépeindre au travers de Vic et sa famille une autre Amérique, celle qu’on ne voit presque jamais dans les médias. Celle des petites villes excentrées, bordées de forêts belles et inquiétantes. Le rêve américain n’y existe pas ou juste pour une poignée de chanceux. Les inégalités sociales sont criantes. Pour Vic, tout espoir est tué dans l’œuf par sa mère qui ne souhaite rien d’autre pour sa fille qu’elle fasse elle aussi des ménages. "Oublie l’université, bien trop chère." lui dit-elle en substance. Exit le talent. Dans ce monde capitaliste, il ne paie pas. Le pouvoir de Vic, son "raccourci", constitue alors une échappatoire au sens propre comme au figuré. Dans NOS4A2, le fantastique n’est qu’une métaphore qui permet aux personnages de se transcender pour le meilleur ou pour le pire. Et même si cette série doit s’apprivoiser à force de patience, elle mérite clairement le coup d’œil.
Une série créée par Jami O’Brien avec Ashleigh Cummings, Zachary Quinto, Olafur Darri Olafsson… Disponible depuis le 7 juin sur Amazon Prime Video