
#KuToo, c’est le hashtag japonais créé sur le même modèle que #MeToo. Composé de "Ku" pour kutsu (qui signifie chaussures) et kutsuu (qui signifie douleur), ce mot-dièse accompagne un mouvement féministe au Japon qui veut en finir avec l’injonction sexiste de porter des talons hauts sur son lieu de travail. Tout a commencé en janvier 2019, #KuToo apparaît pour la première fois lorsque Yumi Ishikawa, actrice et mannequin japonaise, s’indigne contre les patrons qui imposent aux salariées le port des talons hauts dans un tweet . "J’aimerais me débarrasser un jour de la coutume selon laquelle les femmes doivent porter des talons et des escarpins au travail. Quand j’étais hôtesse pendant un mois à temps partiel, je ne pouvais plus utiliser mes pieds à force de porter des talons hauts et j’ai arrêté ce travail", explique-t-elle. Le post devient viral avec plus de 68 000 retweets. Et des milliers de Twittas reprennent le hashtag pour partager leur expérience amère.
就活のパンプス本当に無くして欲しい。なんで女性だけなの?外反母趾や甲高幅広のせいで靴擦れしまくるんだよ。新大阪から5分歩いただけでこれだよ。外まで血だらけ…
— うどんちゃん@趣味垢 (@udondon1234) 13 mars 2019
パンプスは現代の纒足だよ。こんなの強制的に履かせるの間違ってる。なにがマナーだよ!!!健康的被害出てんだよ!!! pic.twitter.com/xh2JhW0JUY
Le mois suivant, Yumi Ishikawa affirme son engagement en lançant une pétition signée par plus de 30 000 personnes, pour que des mesures concrètes soient mises en place par le ministère de la Santé japonais afin de changer cette situation dangereuse. Car, en plus d’être une discrimination sexiste, le port de talons hauts au quotidien peut créer des blessures au niveau des chevilles, du talon et de la plante de pieds. Des douleurs qui peuvent remonter jusqu’aux articulations des jambes et sur la colonne vertébrale.
Au Japon, le mouvement #KuToo créé par Yumi Ishikawa ???????? dénonce la tradition qui veut qu’au travail les femmes portent des talons hauts. Dessinatrice Rika Asakawa pic.twitter.com/4aileiESXk
— Marie-Noëlle Lanuit (@mnlanuit) 25 mars 2019
Lundi 3 juin 2019, l’actrice a présenté cette pétition au gouvernement. Problème, ce règlement est tacite et perdure à cause de la pression des responsables hiérarchiques et à une mentalité ancrée dans la culture nippone. Pour Takumi, Nemoto, le ministre du Travail il n’y a donc pas lieu d’établir une loi. Celui-ci est même allé jusqu’à dire que l'obligation de porter des talons ne pouvait être assimilée à du harcèlement s'ils sont nécessaires dans le cadre professionnel. Toutefois, il a précisé que contraindre une femme à porter des talons alors qu'elle est blessée peut, en effet, être considéré comme du harcèlement... Face à cette réponse insatisfaisante, les internautes appellent Takumi Nemoto à porter des talons une journée entière pour mieux comprendre la souffrance des concernées.