
C'est cadeau
Un peu comme des enfants gâtés, Big Little Lies vient nous choyer avec une saison supplémentaire. De nouveaux épisodes qui n’étaient pas prévus au départ puisque ce ne devait être qu’une mini-série. Mais après un succès critique et public retentissants et une flopée de prix (Golden Globes, Emmy Awards…), HBO a décidé de rempiler. Le girl power s’avère non seulement rentable mais il a encore des choses à dire. La chaine a alors eu la bonne idée de faire appel à Liane Moriarty– l’autrice du roman éponyme – pour imaginer la suite de cette histoire. Et c’est David E. Kelley qui, de nouveau, a ciselé les scénarios. Jean-Marc Vallée a cédé sa place à la réalisatrice anglaise Andrea Arnold derrière la caméra. Une transition fluide et réussie car elle partage avec lui une approche naturaliste. Le réalisateur canadien est tout de même resté producteur de cette saison et a contribué au montage. C’était déjà l’une des grandes forces de la première saison. Le montage y imprimait une rythmique particulière au moins aussi groovy que la bande-son (toujours aussi formidable) et rendait les flashbacks – souvent disséminés à un rythme saccadé, comme des images subliminales – d’un réalisme troublant. D’autant plus vivaces qu’ils se faisaient l’écho des traumatismes subis par les héroïnes. Seul changement notoire dans cette saison, l’arrivée de la grande Meryl Streep qui rend ce casting encore plus fou. Elle y joue Mary Louise, la mère de Perry (Alexander Skarsgard), et elle n’est pas qu’une mère éplorée.
Big Little Lies 2.0
Cette nouvelle saison s’inscrit dans la continuité de la première. Comme un retour à la case départ, elle démarre par la rentrée des classes. Tout y est familier et singulièrement différent à la fois. C’est surtout la structure narrative qui change fondamentalement. La première saison a réussi cette prouesse de nous maintenir en haleine sept épisodes durant avec une mort capitale dont on ne savait rien : ni sur la victime, les circonstances, ni sur un ou d’éventuels coupables ou encore le mobile. Ces interrogations n’ont trouvé leur réponse qu’à la toute fin, avec un happy-end doux amer où seule la sororité ressortait triomphante. Et c’était déjà pas mal.
Désormais, tout se joue autour du secret autour des circonstances exactes de la mort de Perry et comment les "Monterey Five" ("les cinq de Monterey") – puisque c’est ainsi qu’on les désigne désormais – continuent à vivre avec ce poids. Ce n’est pas parce que le mâle, pardon, le mal a été éliminé que le poison qu’il a distillé s’est évanoui avec lui. Celeste (Nicole Kidman) doit à la fois faire le deuil de son mari qu’elle aimait sincèrement et se remettre des années de violences qu’elle a subies. Jane (Shailene Woodley), de son côté, doit encaisser cette double nouvelle traumatisante : l’homme qui l’a violée et qui est le père biologique de Ziggy était aussi le mari de Celeste, sa nouvelle amie ; et Ziggy se retrouve donc dans la même école que ses deux demi-frères. Bonnie (Zoë Kravitz) ne se remet pas d’avoir provoqué la mort de Perry. Renata (Laura Dern) est plus insupportable (et donc géniale, mais chut) que jamais, ce qui signifie qu’elle est elle aussi traumatisée par les récents évènements. Et Madeline (Reese Whiterspoone) doit affronter les conséquences de son infidélité. La grande question de la saison devient alors : est-ce que la vérité va éclater et par qui ?
Queen Meryl
Addition merveilleuse à ce casting déjà génial, Meryl Streep vient incarner l’élément perturbateur. Dans la peau de Mary Louise, son personnage n’est pas vraiment la mamie gâteau qu’on aurait pu imaginer. Elle n’est pas venue simplement pour soutenir Celeste et les garçons dans leur deuil. Elle est là pour découvrir la vérité. Sous ses dehors bon chic bon genre, son franc-parler fait l’effet d’un coup de scalpel à chacune de ses sorties. Elle a au moins le mérite de ne pas avancer masquée. Mary Louise déclare ouvertement la guerre à Madeline dont elle se méfie. Chacune de ses répliques est assassine et tout est littéral chez elle, comme lorsqu’elle hurle sa douleur dans un cri primitif et effrayant. Et bien qu’elle soit effrayante à sa manière, elle est peut-être celle qui va délivrer les Monterey Five du poids du secret.
"Big Little Lies" saison 2, une série créée par David E. Kelley avec Nicole Kidman, Meryl Streep, Reese Witherspoon… Dès le 10 juin sur OCS en US+24.