
Ada Hegerberg ne reviendra pas sur sa décision. Cette année encore, elle ne portera pas les couleurs de son pays natal, la Norvège, sur le terrain. Et sera donc la grande absente de ce Mondial qui se déroulera du 7 juin au 7 juillet 2019 en France.
Depuis le fiasco de l’Euro 2017, l’attaquante de 23 ans est en conflit avec la Fédération norvégienne. Pour rappel, le pays, qui était alors l’un des grands favoris, avait été éliminé face au Danemark au tout début de la compétition. Ada Hegerberg s’était alors retrouvée sous le feu des critiques et avait décidé de mettre les choses au clair :"Si la sélection veut atteindre les objectifs et les résultats que l'encadrement a fixés, ça nécessite selon moi des améliorations dans plusieurs domaines, à la fois dans la planification, dans l'exécution et dans le suivi", avait-elle alors déclaré au lendemain de l’élimination de son équipe. Sous-entendu : la Fédération n’était pas à la hauteur des enjeux sociétaux du moment et n’accordait pas assez de places aux joueuses professionnelles.
Depuis, la toute première Ballon d’or féminine de l’histoire (elle l’a remporté en décembre 2018) n’est toujours pas revenue sur sa décision. Pourtant, la Fédération norvégienne a bien évolué. Dès décembre 2017 et le tacle de la jeune prodige, elle a aligné le salaire des joueuses sur celui des joueurs, et a même mis en place des formations spéciales pour les femmes qui souhaitent devenir coach. Des efforts inédits dans le milieu du football. "Un grand nombre de choses reste à faire pour améliorer les conditions des femmes qui jouent au football", maintient l’attaquante de l’Olympique lyonnais à l’Associated Press. "En Norvège, le football est le sport le plus populaire pour les filles depuis des années, mais elles n’ont toujours pas les mêmes opportunités que les garçons. La Norvège a une grande histoire dans le football féminin mais c’est plus difficile maintenant. Nous avons cessé de parler de développement et d’autres pays nous sont passés devant... C’était important pour moi de prendre une décision. J’ai donné mes raisons à la fédé, mais les détails restent entre nous", a-t-elle assumé dans l’émission Canal Football Club en 2018. "Je connaissais les conséquences de cette décision. J’ai choisi mon chemin. J’assume", a-t-elle confié plus récemment au Parisien.
Son principal fer de lance donc : l’inégalité salariale, le salaire des footballeusesétant encore bien inférieur à celui des joueurs. Selon les informations récentes du JDD, les hommes gagneraient même douze fois plus que les femmes dans le milieu du ballon rond, faisant de ce domaine l’un de ceux où l’écart salarial est le plus important. Ada Hegerberg gagne par exemple 400 000 euros annuels à l’Olympique lyonnais, contre quarante millions annuels pour Lionnel Messi et trente millions annules pour Neymar Jr. Le choix politique de l’attaquante apparaît donc, encore aujourd’hui, comme extrêmement nécessaire. Il a d’ailleurs inspiré plusieurs autres actions. En juillet 2017, les joueuses américaines ont poursuivi leur fédération en justice et obtenu l’égalité salariale, l’équipe d’Irlande a menacé de se mettre en grève et que les Danoises ont choisi de faire l’impasse sur un match de qualification contre la Suède, entraînant ainsi leur élimination et surtout, des avancées salariales considérables. Voilà qui devrait donner des idées à certaines.