
"Le cinéma, c’est une salle de cinéma, c’est être ensemble. Ce n’est pas manger des pizzas chez soi devant Netflix." Mardi 14 mai 2019, avant que le Festival de Cannes ne soit officiellement lancé, c’est avec cette tirade que le comédien et maître de cérémonie Edouard Baer a taclé Netflix. Des propos rapidement repris sur la toile, et qui n’ont pas manqué d’agacer les internautes.
Est-ce qu’Édouard Baer va vraiment au ciné ? Car au ciné les gens BOUFFENT aussi et en foutent partout en plus. https://t.co/bHl9kFuOAa
— Marion Rocks (@MarionRocks) 15 mai 2019
Le cinéma c'est 15 balles pour une 3D qui te fout la gerbe une VF ridicule et un type derrière qui mange ses chips bouche ouverte que t'as l'impression qu'il bouffe du gravier. https://t.co/5RE0UPi2Yf
— Fabien V (@Fabien_v31) 15 mai 2019
Si cette critique semble partir d'une bonne intention (on aime le cinéma aussi pour ses salles douillettes et hors du monde), elle est tout d’abord répétitive. Cela fait désormais plusieurs années que la grande famille du cinéma français, festival de Cannes en tête, s’est lancée dans une guerre contre le service de streaming en ligne. L’argument principal ? Netflix et autres plateformes du même type menaceraient le cinéma français, en ne respectant pas les règles de sortie en salle. En clair, les films non-exploités en salle ne seraient pas de vrais films.
Pourtant, aux yeux des plus jeunes, ce n’est pas Netflix qui "tue" le cinéma français, mais plutôt le cinéma français lui-même. Ces tacles à répétition apparaissent en effet comme élitistes de la part d’Edouard Baer et de ses compères, pour qui seule une certaine forme de cinéma serait digne d’être considérée comme de la culture légitime.
"Le cinéma, c'est des films de 7h en noir et blanc qui raconte comment 30 personnes différentes se font chier, seules dans leur cuisine. Ce ne sont pas ces "Marvel" ou autres films de divertissement bas de gamme."https://t.co/b90wmJ1pzv
— La Croûtique ! (@LaKroutik) 15 mai 2019
D’autres fustigent des scénarios à caractère répétitif des films français, ou encore, des "comédies" dites populaires, qui, sous prétexte de vouloir faire rire, entretiennent parfois des clichés racistes, homophobes ou encore transphobes. S’ajoute à cela un manque évident d’inclusivité dans les longs métrages, dont témoigne notamment Noire n’est pas mon métier, livre d’Aïssa Maïga paru en 2018.
Arrêtez de tourner des films avec Christian Clavier et on retournera au cinéma https://t.co/lq3annNhdK
— ???????????? Regina George ???????????? (@April19th1775) 15 mai 2019
Mais l’argument qui revient le plus souvent pour protester contre ces propos est le coût financier d’une sortie au cinéma. Avec en moyenne une séance à 11 euros la place pour un adulte (soit le montant d’un mois d’abonnement à Netflix), il devient difficile pour un nombre considérable d’individus d’aller régulièrement voir des films en salle, notamment les étudiants et jeunes salariés.
Alors oui mais perso c'est pâtes devant Netflix parce que j'ai pas fini de rembourser le prêt de la dernière sortie ciné en famille. https://t.co/MHatHiq4q3
— Rose de Berne (@RoseDeBerne) 15 mai 2019
Edouard Baer...???? Quand le cinéma sera accessible à tout le monde on verra. Netflix ça reste plus accessible aux personnes précaires et handicapées que vos cinés à 12 euros la séance avec des sous-titres illisibles, des escaliers partout et des VF à 22h30#FestivalDeCannes2019https://t.co/kVY2AlrmRm
— ⚫???? ONYESONWU ⚔️???? (@BLovedBWildered) 14 mai 2019