
Facebook serait-il devenu trop puissant ? C’est en tout cas ce qu’estime l’un des fondateurs de la plateforme. Jeudi 9 mai 2019, le journal états-unien The New York Times a accordé une tribune à Chris Hughes, cofondateur de Facebook, dans laquelle il avoue ses craintes quant à l’avenir du réseau social, qui multiplie les scandales de données personnelles. "Le pouvoir que détient Mark est sans précédent et antiaméricain", écrit Chris Hughes, dans les pages Opinions du quotidien. L’homme d’affaire avait quitté l’entreprise en 2007, il appelle aujourd’hui à ce que Facebook soit démantelé. Et les accusations sont sérieuses.
Le réseau social connait un succès sans précédent. Il compte aujourd’hui deux milliards d’utilisateurs, en plus d’être propriétaire d’Instagram (1 milliard d’actifs) et de WhatsApp (1,5 milliards d’utilisateurs). Mark Zuckerberg, aux commandes de ces trois entreprises, possède une influence incommensurable sur les vies des milliards de personnes qui utilisent ses services tous les jours. "Mark est quelqu'un de bien, quelqu'un de gentil. Mais ça m'énerve que l'accent mis sur la croissance [de Facebook] l'ait conduit à faire des sacrifices sur la sécurité et la vie privée", critique Chris Hughes. La dangerosité de ces réseaux sociaux, ce sont les algorithmes et les données personnelles. Les premiers peuvent décider quelles publicités, quels messages, quels amis, apparaîtront sur les murs de ces abonnés. Dirigeant ainsi leur consommation et leur relations humaines. Quant aux données personnelles, il n’y a qu’à se remémorer du dernier scandale en date : en décembre 2018, le New York Times dénonçait la vente des données personnelles à l’insu des utilisateurs concernés à plus de 150 entreprises. Des faits qui poussent Chris Hughes à appeler le gouvernement américain "à mettre Zuckerberg face à ses responsabilités".
Pour ce qui est de l’Etat français, Mark Zuckerberg est attendu vendredi 10 mai à 15 heures à l’Elysée, pour un entretien avec Emmanuel Macron. Ensemble, il devraient discuter de la régulation inévitable des contenus publiés par Facebook, accusé, entre autres, de donner une visibilité trop conséquente à des propos haineux, ou encore à des campagnes politiques menées pour influencer des élections démocratiques.