Sophie, 28 ans : "j'étais frustrée de ne pas atteindre mes objectifs"
"En janvier 2015, je suis tombée sur les tweets d'une doctorante, vantant les mérites du bullet journal. Etant une vraie fan des to-do list, j'ai trouvé que c'était une bonne manière de commencer l'année du bon pied. D'autant qu'entre ma thèse, les cours d'Histoire que je donne, et mes copies de partiels à corriger, j'étais débordée. Munie d'un carnet tout neuf et de stylos de toutes les couleurs, je me suis attelée à la tâche comme une collégienne. Il m'a fallu une journée pour comprendre le système, trouver la taille de colonnes adaptée ou le code couleur parfait. J'ai aussi passé une heure sur Internet à chercher des idées de customisation… Avant de réaliser que je perdais mon temps sur un truc inutile, alors que j'étais déjà surbookée. Au lieu de me simplifier la vie, c'est devenu un cercle vicieux : je me suis mise à tout noter (faire une machine à laver, mes projets de tricot, mes multiples lectures) et à fractionner les tâches pour pouvoir cocher des cases. Au bout d'une dizaine de jours, j'étais frustrée de ne pas atteindre mes objectifs, surtout en voyant d'autre filles poster des photos de leurs journaux parfaits sur Instagram. J'ai déjà un boulot hyper intellectuel, dans lequel je suis constamment évaluée, alors pourquoi me stresser davantage ? Fini le 'bullshit journal', mon mot d'ordre maintenant, c'est le lâcher-prise."
Marine, 26 ans : "c'est une injonction à être plus performante au travail"
"Après un licenciement difficile, je suis en recherche d'emploi depuis le début d'année. En février-mars, j'avais un peu le moral dans les chaussettes et je me suis dit que le Miracle morning pourrait m'aider à être plus positive. J'avais l'habitude de me lever tôt, mais je souhaitais mieux optimiser mon temps. La lecture du livre ne m'a pas vraiment transcendée : la plupart des conseils relèvent du bon sens comme faire davantage de sport ou se plonger dans la lecture. J'ai quand même suivi le programme à la lettre, espérant que cela égaye un peu mes journées rythmées par les envois de CV. J'ai été hyper assidue les quinze premiers jours, mais ce nouveau rythme a accentué mon état de fatigue et m'a complètement miné le moral. Je m'endormais en faisant de la méditation au saut du lit, je mourrais de faim pendant la session gym avant le petit-déjeuner, je rognais sur le temps passé avec mon compagnon à cause de toutes ces activités. Au final, ce cadre assez strict m'a vraiment déplu, tout comme le culte de la productivité proné par l'auteur. J'ai eu le sentiment, en lisant le bouquin, qu'il s'agissait d'une injonction à être plus performante au travail plutôt qu'une vraie méthode bien-être. Or, prendre du temps pour soi, même pour rien faire, me paraît essentiel."
Kalindi, 23 ans : "j'ai eu du mal à prendre la méditation au sérieux"
"Je n'avais jamais songé à tenter l'expérience de la méditation. Mais un de mes amis m'a proposé de l'accompagner en Inde me 'ressourcer' dans un ashram. Et quel meilleur endroit pour s'initier à cette pratique ? En arrivant sur place, dans le Kerala, nous avons découvert un endroit sublime, au beau milieu de la nature. Nous sommes ensuite passés entre les mains du médecin de l'établissement qui, en fonction de notre état de santé, nous a prescrit un régime alimentaire. Tous les repas n'étaient constitués que de légumes et de fruits, mais les plats étaient succulents. Le matin, nous faisions 2h de yoga devant le lever du soleil puis, après une collation, commencions la méditation vipassana, qui consiste essentiellement en des exercices de respiration. Nous dormions ensuite une heure puis recommencions à méditer en admirant le coucher du soleil. Me lever tôt (surtout au troisième jour avec la fatigue musculaire du yoga), devoir me passer d'alcool et de cigarettes... L'aventure s'est vite révélée pénible. Je n'arrivais pas à me sentir concernée par les propos des gens qui nous encadraient. Se sentir 'connectée au sol', 'ressentir la présence des arbres'… Je luttais pour ne pas éclater de rire en entendant ces instructions. Sans oublier ce silence pesant et imposé qui, au lieu de m'apaiser, a sérieusement commencé à m'angoisser. D'ailleurs, mon tempérament bavard a repris le dessus et j'ai flanché à plusieurs reprises. C'était une découverte intéressante, mais je ne renouvellerai pas l'expérience une seconde fois. J'ai vraiment du mal à prendre la méditation au sérieux. Je pense être une personne trop impatiente pour pouvoir être sensible à cet art."
Myriam, 27 ans : "mon initiation au pliage vertical a été de courte durée"
"J'ai découvert la méthode Marie Kondo en tombant sur un article qui lui était consacré dans un magazine. Moi qui suis vraiment bordélique - du genre à faire des piles de vêtements sur ma chaise de bureau - je me se suis dit que c'était la solution magique. Et le livre a eu au moins un mérite… me donner envie, sans doute pour la première fois de ma vie, de vraiment faire du rangement. J'ai commencé mon plan d'attaque par le plus dur : ma penderie qui contient au moins une dizaine de jeans trop grands, 2-3 robes qui avaient rétréci au lavage, et des tonnes de fringues que je gardais 'au cas où'. Pour désencombrer, j'ai essayé de suivre son conseil (en gardant mon sérieux) : tenir chaque objet dans la main et me demander s'il me met en joie. Le souci, c'est que je suis passée maître dans l'art de collectionner des objets inutiles, mais ayant une valeur sentimentale. Du coup, impossible de me débarrasser, de cette radio vintage (mais cassée) chinée avec ma meilleure pote à Brooklyn. Idem pour ce top abîmé par les passages à la machine, mais que je portais au premier rencard avec mon mec. J’ai quand même réussi à faire un sacré tri, mais ça n’a pas duré très longtemps, tout comme cette tentative de me mettre au pliage vertical. Au final, je suis revenue à mon bordel organisé… Gain de temps maximal."