Joël Pacoret, psychologue clinicien, et Anne-Dorothée Taïeb Chapelon, docteur en psychopathologie clinique nous expliquent pourquoi nous sommes à fond sur nos boutons (et ceux des autres).
S’acharner sur ses boutons : une manière de régler ses problèmes
Le corps et l’esprit sont intimement liés, et la peau est la première à témoigner de nos émotions négatives. Voilà qui peut expliquer l’apparition de boutons en période de stress, ou le fait que certaines personnes ne peuvent s’empêcher d'y toucher. Pour Joël Pacoret, c’est une manière d’abîmer (consciemment ou non) son visage. Lorsque l’on s’attaque à sa peau, on cherche donc à s’attaquer, voire à s’abîmer soi-même. "On règle son compte à sa peau parce qu’on a des choses à régler avec soi-même ou avec son passé" appuie Anne-Dorothée Taïeb Chapelon. En général, cet acte vient révéler un problème psychologique qui "n’a pas été réglé intérieurement" affirme Joël Pacoret. Le psychologue clinique ajoute que "si la personne touche constamment ses boutons, c’est qu’elle va vraiment mal". Pour Anne-Dorothée Taïeb Chapelon, "percer un bouton est une manière de contrôler son corps, quand on ne peut pas contrôler certaines de ses émotions".
Le boom des vidéos d’extraction de boutons
Loin de se contenter de percer ses propres boutons, on adore assister au dégommage... de ceux des autres. La preuve : les vidéos de perçage ne se sont jamais aussi bien portées sur les réseaux sociaux. Tous les utilisateurs d’Instagram se sont forcément déjà retrouvés nez à nez avec une vidéo signée Doctor Pimple. Et ne nous dites pas que n’êtes jamais allé sur ce compte ! Mais pourquoi tant vouloir regarder des extractions de boutons ? Peut-être à cause d’un "mauvais vécu corporel", répond Joël Pacoret. Car visionner une vidéo de perçage n'a pas tout à fait la même signification que de percer ses propres boutons. Le psychologue clinicien voit tout d’abord en cette pratique un voyeurisme largement alimenté par les réseaux sociaux. Plus encore : "Selon moi, ce dispositif permet d’assouvir sans crainte une excitation sadique qui a tendance aujourd’hui, à devenir une forme de divertissement". Flippant… Anne-Dorothée Taïeb Chapelon a encore une autre vision de la chose. Pour elle, il découle de ce visionnage un sentiment assez inexplicable qui se situe entre le dégoût et l’excitation. Nous serions donc tout simplement attirés par ce qui devrait nous rebuter ! On le voit, la question n'est pas simple, et notre fascination pour le perçage de boutons ne révèle pas que des motivations nobles. Allez, on se refait une vidéo ?