Leonardo DiCaprio dans "Le Loup de Wall Street", de Martin Scorcese
A la rédaction, les avis son partagés. Certaines le trouvent sexy, Léo, dans la peau de Jordan Belford, jeune loup de 26 ans assoiffé de pouvoir et d’argent. Nous, on le trouve ignoble de veulerie. Il faut l’entendre hurler en plein open space : "J’ai gagné 46 millions de dollars et ça me chier !". Non pas parce qu’il est trop riche mais parce que ce n’est pas assez. Grisé par le succès, il maltraite ses subalternes (dont le pauvre Jonah Hill), humilie ses girlfriends, jette les dollars à la poubelle et le contenu de ses verres dans les pots de fleurs. On adore la scène ou totalement défoncé, il ne parvient à sortir de sa voiture de luxe qu’en rampant. Bien fait, pour toi, Léo, tu n’avais qu’à pas être si méchant !
Toni Collette dans "Madame" d’Amanda Sthers
Plutôt sympa de prime abord, Anne Stevens roule en vélib' et demande des nouvelles de leur famille à ses employés de maison. Mais le jour où, organisant un dîner pour un riche mécène, elle réalise qu’ils seront treize à table, rien ne va plus. Elle oblige sa bonne (adorable Rossy de Palma) à jouer la quatorzième invitée et se transforme en harpie quand le mécène s’éprend de la brave Maria. "Ne m’appelez pas par mon prénom, nous ne sommes pas amies !" dit-elle à sa bonne après avoir joué avec elle publiquement la comédie de l’amitié. Horrible, on vous dit !
Jean Poiret dans "Que les gros salaires lèvent le doigt" de Denys Granier-Deferre
Le cynisme des années 1980 est parfaitement traduit dans ce film où Jean Poiret – ex comparse de Michel Serrault - incarne André Joeuf, le patron d’un cabinet d’assurance, qui réunit un jour tous ses employés pour leur annoncer la nouvelle : "Il faut que je me sépare de quatre d’entre vous. J’ai décidé de faire ça sous forme de jeu : les chaises musicales." A un employé qui s’insurge "Vous n’avez pas le droit de faire ça !", il répond : "J’ai tous les droits !" Pas mal, non, dans le genre odieux ? Avec son sourire en coin et son ton suffisant, Jean Poiret est parfait en patron gougnafier. Et on est ravi quand l’un de ses employés finit par le prendre à son propre piège.
Meryl Streepdans "Le diable s’habille en Prada" de David Frankel
Le milieu de la mode excite jalousie et convoitise. La rédactrice en chef de Runway, Miranda Priestly, avatar d’Anna Wintour, le sait bien. Alors elle fait ce qu’on attend d’elle: elle jette ses manteaux à la figure de ses assistantes, exige de prendre seule l’ascenseur (entre nous, si on pouvait faire pareil !) et divise pour mieux régner. Notre scène préférée : quand elle explique d’un ton méprisant à Andrea (délicieuse Anne Hathaway) ce qu’est le bleu céruléen. Bien sûr, on pouvait compter sur Meryl Streep pour mettre un d’humanité dans le personnage. Beaucoup moins drôle a été la vraie rencontre entre Meryl avec Anna Wintour lors d’une interview vidéo récente pour le Vogue américain : assises l’une en face de l’autre, elles semblaient si mal à l’aise qu’on avait de la peine pour elles.
Louis de Funès dans "Pouic-Pouic" de Jean Girault et "La Zizanie" de Claude Zidi
Qu’il soit commissaire, gendarme ou patron d’entreprise, le comique préféré des Français a toujours joué les mecs odieux, râleurs, impulsifs. Dans Pouic-Pouic, il est un grand bourgeois à la recherche d’un pigeon à qui refiler une mauvaise affaire. Dans La Zizanie, il doit choisir entre son entreprise qu’il tente de rebooster et sa femme (Annie Girardot), une écolo excédée de voir sa maison et son potager envahis par des machines polluantes. Dans les deux cas, c’est un mec un pouvoir qui, acculé à la faillite, est prêt à trahir ses proches. "Rien ne me fait plus rire qu’une personne engueulant une autre sans que cette dernière puisse répliquer" a confié l’acteur de son vivant. Sur ce vilain trait de caractère, il a bâti toute sa carrière.