Beatriz, 24 ans : “C’est un peu la masturbation du flemmard“
“Au départ, c’était de la curiosité, mais très vite le porno est devenu indissociable de la masturbation, c’est devenu un réflexe. Quand on regarde un film lambda avec une scène de sexe, ça n’est pas très satisfaisant. Ça nous excite un peu potentiellement mais c’est soft donc ça nécessite une bonne dose d’imagination. Alors que le porno, c’est un super point de départ pour l’excitation, c’est un peu la masturbation du flemmard. Quand je lance un porno, je sais que je vais être excitée plus vite et que donc que je vais jouir plus vite. Pourquoi essayer de se faire un film dans sa tête alors qu’il y en a des milliers prêts à l’emploi ? En général j’évite les films de trop mauvaise qualité où ce ne sont que des pixels qui s’emboitent et ceux où la/les filles crient trop fort et tout le long de la vidéo, il n’y a rien qui fait plus retomber le plaisir. Je ne suis pas non plus très fan du porno “hard“ avec du dirty talk et des fellations gorge profonde. Je reste sur les basiques : “masturbation“, “lesbiennes“ et “anal“ de temps en temps mais c’est rare. Ça fait très longtemps que j’ai découvert le porno, j’en regardais déjà pré-ado mais ça ne m’a jamais paru anormal ou honteux. Ça fait juste partie de la vie privée, certains ont besoin de gadgets pour se masturber, d’autres ont besoin de porno, d’autres non, chacun son truc.
Solène, 29 ans : “Dès que l’orgasme est atteint, un sentiment de honte s’empare de moi“
“La première fois que j’ai regardé du porno, c’était avec un de mes ex. On l’avait fait pour rigoler et, à ma grande surprise, ça m’avait pas mal excitée. J’ai donc voulu retenter l’expérience seule. Une fois, deux fois, et maintenant je le fais environ deux fois par semaine, quand je ne dors pas chez mon mec. L’idée n’est pas de regarder des scènes hard, mais vraiment d’avoir quelque chose qui peut m’aider à m’exciter pour atteindre plus rapidement et plus intensément l’orgasme. Ce que je préfère ce sont les scènes où on voit vraiment le couple faire l’amour, où leur désir monte progressivement, un peu comme dans la vraie vie. J’aime bien le site “Lucy Makes Porn“ qui me paraît plus réaliste et sincère que les sites où vont mes potes mecs. Pour la vidéo en elle-même, je déteste les gros plans, c’est trop mécanique et je n’arrive pas du tout à m’identifier aux acteurs dans ce cas. Il me faut une vision d’ensemble, que je ‘rentre’ dans la scène. Sur le moment, je suis au comble de l’excitation, tout ça semble interdit et ça monte si vite que je ne peux pas m’arrêter. En revanche, dès que l’orgasme est atteint, un sentiment de honte s’empare de moi, l’impression d’avoir fait quelque chose de mal, de sale. Je porte tout d’un coup un regard totalement différent sur la scène de sexe qui souvent n’est pas terminée. C’est pour cette raison que j’ai un peu ralenti le rythme.“
Crédit : Getty
Manon, 29 ans : “Il m’arrive de me faire des après-midis entières au lit“
“Je choisis des films hétéros mais pas de ‘hot mama with big boobs’ ni de fille trop vulgaire. J’essaie de sélectionner un film où le couple est le plus proche de moi physiquement. Comme je ne fais qu’un round, je veux vraiment trouver la bonne vidéo, donc parfois j’en commence une et je change en cours de route. Quand j’ai trouvé la bonne, parfois les choses se font très (trop) rapidement. Il m’arrive souvent d’atteindre l’orgasme en moins de trois minutes. J’ai bien essayé de ralentir la cadence plusieurs fois, mais sans succès. Du coup, en général je zappe les préliminaires parce que sinon je jouis avant même que le couple n’ai commencé à faire l’amour. Il m’arrive de me faire plusieurs vidéos à la suite, mais j’ai besoin de faire une pause entre les deux, sinon mon clitoris est douloureux. Il m’arrive même de me faire des après-midis entières au lit à me masturber devant du porno. J’ai conscience que c’est un peu caricatural mais entre ça ou regarder Netflix un dimanche pluvieux, je préfère cette option. Ça me fait du bien et ça ne gène personne. Je le vois comme une hygiène de vie qui me redonne la pêche et améliore mon humeur. Je n’ai jamais intellectualisé la chose. Je n’en parle pas, ça m’appartient. Et je suis sûre que beaucoup de copines font pareil mais ont peur du jugement des autres.“
Valentine, 31 ans : “Le combo porno + vibro est devenu automatique, ça me fait gagner du temps“
“Ça a commencé par un délire entre potes. Ils parlaient tous de ‘Jacquie et Michel’. J’ai voulu aller voir. Ça me faisait marrer mais ces amateurs qui jouaient aux acteurs pornos, ça me mettait un peu mal à l’aise, ils en faisaient trop. Du coup pour me masturber je choisissais plutôt une scène de film un peu hot, par exemple la scène du plan à trois dans “Love“ de Gaspar Noé. Et puis j’ai décidé d’aller voir à quoi ressemblaient Youporn, Pornhub etc. Cela a coïncidé aussi avec le moment où j’ai acheté mon premier vibromasseur. Ça a été une révolution. Avec mes mains, c’était très fastidieux, long et surtout je n’arrivais qu’à l’orgasme clitoridien. Et en ajoutant du porno à mes séances de vibro, j’ai vraiment pris plus de plaisir. Le combo porno + vibro est devenu automatique. Et une fois qu’on a commencé à le faire une fois par semaine, on augmente vite le rythme. C’est si facile, si efficace. Je choisis en général des moments où mon mec n’est pas là. Je ne pense d’ailleurs pas vraiment à lui quand je regarde du porno, sauf si c’est une scène hétéro classique et romantique, mais ce n’est pas vraiment ce que je cherche. J’en profite plutôt pour assouvir des fantasmes : Threesome, sexe un peu hard…et j’aime bien quand ça parle un peu, que le plaisir est extériorisé autrement que par des cris et des gémissements lancés en boucle. Mon mec sait très bien que je le fais de temps en temps, je n’ose pas en revanche lui avouer que ça arrive au moins trois fois par semaine.“