Contre
Vous voyez Tsilla Chelton dans Tatie Danielle ? Et Glenn Close dans Liaison Fatale ? Eh bien Nathalie est un bon mixe entre les deux dans Jalouse. Ne sachant pas trop si elle est dans une comédie ou un thriller, l’actrice qui l’incarne, Karin Viard, navigue à vue dans ce film qui a du mal, malgré quelques scènes drôles (le cours de yoga où Nathalie s’endort) à trouver le ton juste. A en croire les réalisateurs David et Stéphane Foenkinos, Nathalie se conduit en mégère parce qu’elle est seule, célibataire et que le cap de la cinquantaine est difficile à passer. Un peu léger, non ? Les deux réals semblent eux-mêmes ignorer que leur héroïne fait une dépression carabinée. Lorsque, dans une scène, Nathalie oublie la notion de temps et de l’endroit où elle se trouve, c’est à se demander si elle ne souffre pas de la maladie d’Alzheimer. Mais, non, nous dit le film, Nathalie est simplement jalouse de femmes plus jeunes et plus jolies qu’elle, caractéristique bien trop souvent associée aux femmes au cinéma. Et ça, c’est vraiment naze.
Pour
Une quinquagénaire au bout du rouleau qui ne supporte plus rien et ne se supporte plus du tout elle-même. Dans Jalouse, le romancier David Foenkinos et son frère Stéphane, déjà auteurs de La délicatesse en 2011 (avec Audrey Tautou et François Damiens), dressent le portrait à la fois sardonique, hilarant et émouvant d’une femme qui foule aux pieds les convenances et qui s’enferme dans une redoutable solitude. Impeccable dans le registre "drôle, mais pas que", le film, bien écrit et efficacement mis en scène, vise toujours juste et constitue un antidote aux innombrables comédies françaises où le bâclage et le mépris du spectateur imposent leurs sinistres lois. Partenaire indissociable du duo de réalisateurs dans la réussite euphorisante du film, Karin Viard prouve une nouvelle fois qu’elle sait incarner les héroïnes borderline comme (presque) personne dans le cinéma français. Dans la peau de Nathalie, cette jalouse radicale qui saborde la vie sentimentale de son ex et qui déteste que sa fille s’épanouisse, l’actrice, tantôt habitée par la haine pure et tantôt hantée par une tristesse inconsolable, incarne son héroïne avec une énergie et une sensibilité qui peuvent légitimement rendre dingues de jalousie les nombreuses actrices (et acteurs) qui ne savent jouer qu’une seule chose à la fois. Et encore.
"Jalouse", de David et Stéphane Foenkinos, sorti le 8 novembre.