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Alcool, excès, sexe, drogue : comment j'ai tout arrêté

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Depuis que la vie saine est devenue une religion globalisée, vos amis s’enfilent des jus verts plutôt que des shots de vodkas comme autrefois. Mais changer brusquement de mode de vie n’est pas à la portée du premier venu. Des repentis nous racontent leur parcours du combattant.

"Longtemps je me suis réveillé complètement cuit : le réveil sonnait et il fallait que j’amène ma fille de 5 ans à l’école. Mon premier geste était de vérifier qui était dans mon lit. Si je parvenais à me souvenir de son prénom, j’étais soulagé. Puis j’habillais ma fille n’importe comment, lui achetais un pain au chocolat sur la route de l’école et la déposais dans sa classe en évitant soigneusement le regard des parents et de sa maîtresse, puis je rentrais me recoucher". L’homme qui nous raconte sa "vie d’avant" s’appelle Sébastien, c’est un beau trentenaire à l’accent chantant qui gère plusieurs bars et restaurants à Paris. A l’intérieur de son poignet, il porte un étrange tatouage, une date en chiffres romains : "X/X/XII, c’est la date à laquelle j’ai décidé de tout arrêter, l’alcool, la drogue et les coups d’un soir. Ce jour-là, je m’étais réveillé dans les bras de la baby-sitter de Mila et j’ai réalisé qui si je continuais comme ça, j’allais perdre ma fille après avoir perdu sa mère. J’ai eu besoin de cet électrochoc pour reprendre ma vie en main."


Pour Valérie, quadra pétillante qui travaille comme monteuse pour la télévision, c’est l’approche de ses 40 ans qui a servi de déclic : "Ça faisait un moment que ma vie tournait en rond", nous raconte-t-elle en buvant un Coca Zéro, "je me retrouvais dans des soirées d’où je ne partais plus parce que j’avais trop bu ; et quand tu as trop bu, tu appelles un dealer et tu restes là à taper de la coke et à boire avec des débiles tout en te demandant ce que tu fous là. J’étais dans un rituel hebdomadaire où je me murgeais, j’avais la gueule de bois, je me repentais et puis je remettais ça. Le jour de mon anniversaire, j’ai décidé de casser ce cycle. Cela fait sept mois maintenant".

SPIRALE INFERNALE
Sébastien et Valérie ne sont pas des cas isolés. Observez bien autour de vous, les "repentis" sont de plus en plus nombreux : votre collègue qui décline une coupette lors d’un pot de départ, votre copine qui ne vous suit plus en club, votre beau-frère qui ne boit que de l’eau plate au resto alors qu’il faisait valser les grands crus... Dans un pays qui a érigé la picole en véritable culture de masse, indissociable d’une certaine idée bien française de la convivialité sur l’air d’"Allez viens boire un p’tit coup à la maison", 86 % des personnes âgées de 15 à 75 ans déclarent avoir bu de l’alcool au cours des douze derniers mois, selon l’étude réalisée en 2014 par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Parmi ces buveurs, 31 % sont considérés à risque ponctuel, 8 % à risque chronique. Et si l’usage de la cocaïne ne concerne que 5,6 % de la population française, il s’est banalisé en milieu urbain chez les jeunes diplômés, comme l’ecstasy (1,7 %) et les amphétamines (4,3 %), voire l’héroïne (1,5 %). On observe pourtant un phénomène paradoxal : "Si la consommation quotidienne d’alcool a baissé en France (24 % de la population en 1992 contre 10 % aujourd’hui), épidémiologiquement parlant, on est beaucoup plus dans des ingestions massives ponctuelles, en fin de semaine notamment", nous explique la psychiatre-addictologue Beatrice Badin de Montjoye : "on consomme de façon très très excessive, souvent à jeun, d’où une mise en danger beaucoup plus forte." C’est le fameux "binge drinking" (biture express en VF), terme apparu il y a quelques années mais qui ne semble pas faiblir, souvent accompagné de stupéfiants : "On parle en effet désormais de co-addictions, qui sont beaucoup mieux repérées", précise le docteur Badin de Montjoye. Cette pratique ne concerne pas que les ados et vous amène toujours à destination : la tête dans le caniveau et le cul dans le pieu de Quasimodo.


DICTATURE DE LA BONNE SANTE

Les lendemains sont en général très difficiles, comme en témoigne Valérie : "Le jour où je me suis réveillée dans les bras de mon libraire, je me suis dit que j’étais allée une fois de plus trop loin. Je menais ce train de vie depuis mes 20 ans, j’étais tout le temps épuisée, les traits tirés, le visage bouffi... et le boulot ce n’était pas ça : les jours de gueule de bois, je devais inventer des excuses bidons pour repousser une réunion." Un mode de vie qui a coûté cher à Sébastien : "Je travaillais le soir dans mes bars et prolongeais souvent la nuit avec une cliente. Un jour, ma femme en a eu marre et s’est cassée avec notre fille. Depuis, je l’ai en garde alternée."

Cette culture trash héritée du début du millénaire est désormais en décalage complet avec l’air du temps : aujourd’hui, on ne rêve plus de se cramer jusqu’au bout de la nuit comme Kate Moss et Pete Doherty. A l’image de Gwyneth Paltrow, devenue, depuis le lancement de son site Goop en 2008, la prophétesse d’un lifestyle sain et équilibré, une armée de clones a suivi sur le refrain yoga, méditation, végétalisme et tout le tralala. La société s’est désormais pliée à la dictature de la bonne santé : une préoccupation quotidienne majeure pour 81 % des Français, selon l’enquête BVA d’octobre 2016. A Paris, une équipe de psychiatres de l’hôpital Sainte-Anne a constaté que la pratique régulière de la méditation équivaut à la prise d’antidépresseurs. Alors que les cadres en burn-out se ressourcent désormais en "forêts thérapeutiques", le soin par la connexion à la nature est en plein boom : adieu les cernes d’Annie Girardot et l’haleine de Charles Bukowski ; bonjour la mine pimpante des paysannes de Poitou-Charentes et les abdos d’Antoine Griezmann. "Les bénéfices de l’abstinence sont immédiats", souligne Valérie, "j’ai un meilleur teint, je suis tout le temps en forme et disponible mais surtout, j’ai une bien meilleure estime de moi : je n’ai plus honte d’être montée sur les tables, d’avoir raconté ma vie à n’importe qui. Après deux mois terrée chez moi, je suis ressortie. Au début j’avais peur que mes amis me trouvent désormais ennuyeuse, mais en fait je n’en ai plus rien à foutre : qui m’aime me suive !", dit en riant celle qui redoute cependant "un faux pas".


ACCRO A LA SOBRIETE

Si le spectre de la rechute plane au-dessus de la tête des nouveaux abstinents, c’est qu’ils savent que la route est longue et que certains ne résisteront pas aux sirènes de la tentation. C’est le cas de Clara, D.A. d’une marque de mode et toute jeune maman, qui file joliment vers ses trente ans malgré les années d’excès : "Ça faisait six mois que j’avais tout arrêté, depuis un goûter d’anniversaire fatal qui s’est terminé à 7 heures du matin. Comme je sortais moins régulièrement depuis la naissance de mon fils, à chaque fois c’était assez violent : des fêtes techno prolongées en afters qui n’en finissent pas car je ne sais pas m’arrêter." Un processus qu’elle considère comme " de l’autodestruction" et qu’elle stoppe alors en commençant une analyse :  "J’ai continué à sortir en club de temps en temps, mais le décalage avec mon copain et mes amis était un peu compliqué, et j’ai cédé à la pression lors de notre dernière sortie : j’ai pris une trace de coke, une bière et ainsi de suite pour terminer le lendemain à 16 heures", dit-elle, dépitée. Pour Beatrice Badin de Montjoye, "il est très difficile de s’arrêter car il faut réinventer ses relations sociales. Il y a un facteur d’entraînement et le groupe peut aussi bien être soutenant que pas du tout. Il faut réfléchir à son entourage. Arrêter, c’est envisager sa vie autrement, faire de nouvelles expériences."

Le désir de changer n’est ainsi pas toujours bien accepté ni compris par l’entourage, comme en témoigne Clara : "Lorsque je lui ai annoncé que j’arrêtais de boire, mon meilleur ami m’a dit : “Mais on ne va plus s’amuser comme avant !” Je lui ai répondu : “Si, mais différemment.”" Aujourd’hui Clara s’est sérieusement remise en selle, en espérant ne plus tomber en route, Sébastien a acheté un vélo sur lequel il a fixé un siège enfant et Valérie ne jure plus que par son coach sportif et son régime végétalien : "Je trouve qu’arrêter crée une dépendance », dit-elle avant de nous quitter pour sa salle de sport, « je ne me sens pas addict à la sobriété mais je constate que le fonctionnement est le même : excessif." Des addictions morbides aux addictions saines, il n’y aurait qu’un pas. Candidats au grand saut, n’oubliez pas votre parachute.



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