Cuisine et sexe, même combat ? Oui si l’on en croit tous les films dans lesquels un bon coq au vin signe le début d’une nuit torride. Dans 20 recettes pour conclure. De la cuisine au sexe il n’y a qu’un (re)pas, Renée Greusard et Judith Duportail ont rassemblé les témoignages de ceux pour qui une recette a été le point de départ d’une belle histoire, ou d’un fiasco. Les deux journalistes ont demandé à des dragueurs pro, des amoureuxà la petite semaine, des machos, des féministes, des réservés, des méfiants quelle était leur recette pour conclure, pour une nuit ou pour la vie.
Le pouvoir du storytelling
La cuisine raconte une histoire. Celle qu’on raconte aux autres et celle qu’on se raconte à soi même. Attention donc à ce que vous voulez dire ou taire de vous parce qu’il y a de grandes chances que votre assiette vous trahisse. Une fraise trempée dans du chocolat, une andouillette qui embaume d’une odeur suspecte, réfléchissez bien à ce que vous allez mijoter pour la personne que vous essayez d’attraper."Passer trop de temps sur un plat équivaut à se vendre tout cuit et, à l’inverse, servir une triste tartine de pain beurré peut bien vous faire passer pour un radin“. C’est la première étape. Penser en amont à l’effet qu’aura ce dîner. Vous misez sur un gigot de sept heures au premier rencard ? Attention au sous-texte “épouse-moi et faisons une ribambelle d’enfants". Vous êtes de nature un peu pingre ? Faites nous confiance, ça se verra direct et ça risque de vous coûter cher. Si vraiment vous êtes au bord de la ruine, sélectionnez des ingrédients pas chers et mettez du cœur à l’ouvrage, pimper un poulet au curry ne devrait pas vous coûter votre PEL. Quoique vous choisissiez, soyez raccord avec ce que vous voulez. Seulement du cul ? Ou une histoire d'amour ?
En pratique, il n’existe pas de recette miracle mais, voilà quelques extraits qui vous inspireront l’envie de partager autre chose qu’une planche mixte qui sent l’ennui et le plastique.
Extraits de 20 recettes pour conclure. De la cuisine au sexe il n’y a qu’un (re)pas
Le minestrone détente des débuts incertains (pour deux)
"Je me disais : "Si ça nous fout des gaz, ça va être terrible’", Marie, 30 ans, Paris
Préparation : 30 min
Cuisson : 1h
Prix €€
Taux d’efficacité déclaré : 100%
Atout sexy : Le basilic, le basilic !
Ingrédients :
- 1 bocal de haricots blancs
- 100 g de haricots verts fins
- 1 carotte
- 1 boîte de tomates
- 1 poireau
- 1 oignon
- 2 gousses d’ail
- 2 pommes de terre
- 4 feuilles de basilic
- 10 brins de persil plat
- 50 g de coquillettes
- 3 cuillères à soupe d’huile d’olive
- 120 g de parmesan râpé
- sel, poivre
1. Effiler les haricots verts et les tailler en petits morceaux. Éplucher la carotte et laver le poireau, puis peler l’oignon, les pommes de terre et les gousses d’ail. Émincer le poireau et tailler les autres légumes en dés. Faire chauffer l’huile d’olive dans une grande marmite. Y faire suer l’oignon, le poireau et l’ail. Ajouter ensuite la carotte, les pommes de terre et la tomate. Recouvrir avec deux litres d’eau. Égoutter les haricots blancs et les ajouter à la soupe. Assaisonner de sel, poivre et laisser cuire doucement pendant 45 min. 10 min avant la fin de la cuisson, mettre les haricots verts et les coquillettes à cuire dans la soupe. Ciseler les feuilles de basilic sexy-sexy et le persil plat festif-festif, les ajouter dans le minestrone. Servir aussitôt, accompagné du fromage râpé.
2. Faire attention en dégustant la soupe (“slurp“ pas autorisé).
3. Faire l’amour.
L’idée ? Une recette de séduction toute fraîche. Une recette des débuts, quand on ne veut pas trop donner mais un peu quand même, qu’on marche sur un fil. Toujours craintif d’en faire trop ou pas assez. "Ça ne peut pas être un repas trop ambitieux, style grosse occase. J’aurais l’impression de mettre une robe de soirée alors qu’on va juste au ciné. Et ça ne peut pas non plus être un repas en mode routine parce qu’on ne se connaît pas assez."
Et alors vous vous êtes chopés ? "Oui, on a dormi ensemble et c’était bien. Je ne me souviens pas précisément du sexe. Mais c’était forcément bien. Après, le truc qui m’inquiétait, c’était l’aspect digestion. J’avais un peu peur des haricots. Je me disais 'si ça nous fout des gaz, ça va être terrible', mais en fait ça allait. Aucun problème de digestion."
La blanquette de veau du pouvoir
"C’est lui qui est ficelé comme un petit rôti maintenant !", Sidonie, 41 ans, Paris
Préparation : 15 min
Cuisson : 2h
Prix : €€
Taux d’efficacité déclaré : 100% (et trois enfants à la clé)
Atout sexy : Vous révélez Xéna, la guerrière que vous êtes
L’idée ? Sidonie veut en mettre plein la vue à Antoine. Elle sort le livre de cuisine que lui a offert sa sœur et se lance dans une blanquette de veau. Parce que c’est un plat familial, rassurant, doux, "qui demande un peu de maîtrise.""La blanquette c’est un plat qui installe. Ce n’est pas un plat de femme de 20 ans. Je crois que j’ai voulu lui montrer que ses ex avaient peut-être deux ans ou six mois de plus que moi, mais qu’elles ne faisaient pas de blanquette, elles..." C’est aussi un plat qui mijote doucement et que Sidonie n’est pas mécontente d’imposer à cet homme qui leur promettait une relation sans durée.
Et alors vous vous êtes chopés ? "Trois mois après il me demandait en mariage et je pense que la blanquette de veau n’y était pas étrangère. Pour son enterrement de vie de garçon, ses potes lui en ont cuisiné une pour lui faire plaisir. Aujourd’hui, c’est un rituel ancré en nous. Dans les moments où on est un peu tendus, on se fait une blanquette pour se réconforter. Nos trois enfants adorent ça aussi. Il a dit qu’il me briserait mais, honnêtement, c’est lui qui est celé comme un petit rôti maintenant !"
20 recettes pour conclure. De la cuisine au sexe il n’y a qu’un (re)pas, Renée Greusard et Judith Duportail, 16 €, Editions Nouriturfu