On avoue que depuis Fifty Shades of Grey on a tenté des trucs. Se bander les yeux ? Zéro plus-value. La fessée ? On a ripé. Fail. Car le sexe SM ne s’improvise pas totalement et lorsqu’on est débutant, mieux vaut s’informer en amont. Et face à notre indéniable et pathétique ignorance sur le sujet, on a demandé une petite leçon particulière à Octavie Delvaux, romancière et auteure de“ Osez 50 scénarios SM“, éd. La Musardine.
#1 Préparer le terrain
Comment savoir si votre mec est intéressé ? Parsemez des indices pour prendre la température. Le meilleur moyen pour se renseigner l’air de rien sur les envies de l’autre ? Visionner un film évocateur comme La Secrétaire, Angélique et le sultan, où n’importe quel film contenant une scène où le héros (ou l’héroïne) est attaché à un lit. Et voyez la réaction. “Si vous vous heurtez à une réaction horrifiée de type ‘Non mais quelle bande de tarés’, clairement passez à autre chose, il y a peu de chance qu’il change d’avis ensuite“ prévient Octavie Delvaux. Si par chance il est partant, prenez soin de parler très précisément de ce qui vous fait fantasmer, pour ne pas que l’autre parte dans des directions trop éloignées. “Il peut penser que vous voulez des coups alors que vous cherchez plutôt des humiliations psychologiques. La pratique n’inclut pas forcément de la violence physique. Beaucoup d’adeptes du sexe SM n’aiment pas la douleur“ continue Octavie Delvaux.
#2 Les jeux de “service“
N’impliquant aucune difficulté particulière et aucune violence physique, ils sont un bon moyen de s’initier au sexe SM facilement. Le principe ? Le même que les jeux de rôles mais en introduisant un rituel, voire un règlement écrit. “Cela va du fait de servir le thé au service sexuel précise Octavie Delvaux. Le jeu peut commencer par SMS. Le dominant peut demander au soumis de l’attendre dans une position règlementaire (à genou les mains tendues en avant, à quatre pattes, à genou le front sur le sol), de porter tel ou tel vêtement. Ensuite, on maintient le concept de rituel et on brode avec un langage dominant/dominé : ‘Est-ce que le soumis a bien révisé ses positions ?’, ‘Est-ce que le soumis va baisser les yeux maintenant ?’, ‘La maîtresse voudrait qu’on l’accueille mieux que ça’“. Une fois que vous avez intégré le principe de ritualisation, inventez-vous l’univers qui vous fera fantasmer !
Crédit : Universal International Pictures
#3 La privation de liberté
Encore une fois, rien de bien compliqué. Mains ou pieds liés, yeux bandés, “bâillonage“ avec une chaussette dans la bouche, et surtout rien qui ne nécessite du matériel spécialisé (qui risque, en plus de vous faire mal, de vous coûter un demi-rein). Toutefois, Octavie Delvaux conseille de prendre quelques précautions : “Une règle importante pour débuter, c’est d’utiliser des liens que l’on peut couper au ciseau rapidement en cas de panique. Les menottes, même celles provenant de sex shops ne sont pas à recommander aux débutants, on peut perdre la clé facilement. Les bas et collants sont une bonne option. Ils sont extensibles et peu douloureux. Et pour ceux qui veulent s’armer un peu plus sans acheter des cordes de Shibari difficilement trouvables, de la cordelette Sergé de coton pas trop fine (plus c’est fin plus ça coupe la peau) fera parfaitement l’affaire et se trouve facilement en mercerie en différents calibres.“
#4 La fameuse fessée
Là vous vous dites TROP easy. Eh bien pas tant que ça. Avec une fessée mal placée et donnée au mauvais moment, le flop est vite arrivé. “L’élément de surprise est important, mais au début, mieux vaut prévenir et garder la fessée dans la chambre. Ensuite on pourra commencer à la répartir sur d’autres pièces et à des moments différents de la journée, dans un lieu public, un resto“ explique Octavie Delvaux. Et on tape où ? “Le but est de trouver le point qui va procurer le maximum de vibrations au niveau du sexe. Chez la femme, on vise donc au dessus du pli de la fesse, par en dessous et plutôt vers le centre que sur les côtés. Et on se méfie de sa force, on y va progressivement“. Et une fois que vous serez devenus un pro de la petite tape entre deux postions sexuelles, libre à vous d’aller plus loin. “On peut ajouter des propos inquisiteurs et punitifs pour tester la résistance de l’autre et éviter d’aller trop loin, poursuit Octavie Delvaux. Le maître ou la maitresse va ajouter des mots ’Je vais commencer de manière indulgente’, ‘Penses-tu en avoir eu assez ?’. En revanche un ‘Ça va chéri, je ne te fais pas mal ?’ peut casser l’ambiance“.
#5 Utiliser des instruments
Pour certains, c’est l’étape la plus effrayante, pour d’autres c’est tout l’objet du fantasme. Mieux vaut en discuter préalablement à deux et les choisir ensemble, dans des sex-shops rassurants et softs comme Le passage du désir à Paris. “Ce qui fait le moins mal, ce sont les martinets à lanières en nubuck, il en existe même en velours. Ils ne sont pas dangereux et faciles à utiliser“ conseille Octavie Delvaux. Là encore, vous pouvez faire avec ce que vous avez sous la main. Votre vieille cravache Decathlon ? “Pas de problème“, nous dit Octavie. Et pour ajouter une dose de douleur, le paddle en cuir ou en bois (une petite tapette de la largeur d’une ceinture qui peut être assez douloureuse si utilisée avec force) peut être une seconde étape. “Là encore vous pouvez vous servir de ce que vous avez sous la main : une brosse à cheveux en bois de préférence, à utiliser du côté où il n’y a pas de poils, une brosse de douche pour le dos, même un pommeau de douche, une ceinture aussi mais cela peut être très douloureux“ avertit Octavie. Attention en revanche à ne pas la jouer trop DIY. Les pinces à linge utilisées comme pinces à tétons (dont l’intensité est réglable), c’est non.
Osez 50 scenarios SM, Octavie Delvaux, 8€, éd. La Musardine