Quest-ce qu'une "pétasse", "salope" ou "connasse" ? Voilà une des questions à laquelle répond l’expo Salope ! et autres noms d'oiselles. Laurence Rosier, professeure de linguistique à l'Université libre de Bruxelles et auteure du projet, s’interroge sur la place de ces termes dans le langage courant. Et se penche sur l’histoire des femmes ainsi que sur les représentations qui leurs sont traditionnellement rattachées. Grâce aux différentes œuvres, vidéos et textes, le visiteur redécouvre des figures emblématiques autant que décriées, de Margaret Thatcherà Marie-Antoinette en passant par Nabilla. De quoi s'interroger sur le sexisme dans notre société.
Aux origines de la "salope"
Pourquoi avoir choisi une insulte comme entrée de l'expo ? Selon Laurence Rosier, "salope" est le symbole même de la "violence verbale sexiste". En effet, comme le rapporte une étude menée par l'Insee, c’est l'insulte que les femmes entendent le plus dans l'espace public (près de 24% des cas)."C'est une injure facile à retenir, qui se prononce facilement. Elle existe autant dans la rue que dans la littérature ou le cinéma", explique la professeure au Huffington Post. Son origine ? "Salope" remonte au XVIIe siècle et se compose des termes "sale" et "hoppe" – une variante du mot 'huppe', un petit oiseau assez sale. Il a ensuite évolué pour désigner les personnes malpropres ou les souillons. Quatre siècles plus tard, ce terme est devenu purement sexuel et fait référence à une femme débauchée. Un mot vulgaire, mais pas que.
La réappropriation des insultes
L'un des grands intérêts de l'expo : montrer que les femmes peuvent se réapproprier les insultes dont elles sont victimes, pour casser leur dimension stigmatisante. C'est ce qu'on fait dans les années 1960 et 1970 les Noirs-Américains avec le terme "nigger" ou les personnes LGBT avec le mot "queer". De la même façon, "pute" ne devrait plus être interprété comme une injure, mais désigner une identité dont on peut être fière."Aux États-Unis, Madonna a réussi à se réapproprier les termes de "slut" et de "bitch" avec brio, pourquoi ne pas le faire en France ?", se demande la spécialiste. Et pour ne plus se limiter aux insultes "classiques", à la fin de l'expo, les visiteurs pourront compléter "un mur de la honte", sur lequel chacun pourra noter divers quolibets. De quoi bien se défouler et s'interroger sur le pouvoir des mots.
"Salope ! et autres noms d'oiselles"à découvrir dès maintenant jusqu’au 18 octobre 2017 à la Fondation Maison des sciences de l’hommeà Paris. Entrée gratuite.
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