Décidément, le cinéma adore les reines d’Angleterre qui le lui rendent bien. D’Alienor d’Aquitaine à Elizabeth II, en passant par Anne Boleyn, Elizabeth 1er et Victoria, elles ont toutes été la star d’un bon film – Le lion en hiver, The Queen, Elizabeth : l’âge d’or - ou d’une bonne série - The Crown, Les Tudors. Confident Royal ne déroge pas à la règle. A un détail près : la reine Victoria du réalisateur Stephen Frears n’a rien de glam ou de majestueux. Elle est vieille et moche, "gloutonne, acariâtre et autoritaire" selon la principale intéressée dans le film. Mais un jour, elle accepte de détacher son regard d’un dessert pour le poser sur un jeune serviteur indien (un genre de dessert lui-aussi) qui ose lui sourire. Crime de lèse majesté : on ne sourit pas à la reine ! Mais tout juste arrivé de son Inde natale, Mohammed Abdul Karim ne connaît pas les règles de la cour. Et sa fraîcheur assortie à sa bonne humeur tape dans l'oeil de la souveraine. Ces deux-là vont devenir inséparables jusqu’à la mort de Victoria, au grand dam des nobles de la cour.
Cela vous rappelle quelque chose ? Impossible que Stephen Frears, tout Anglais soit-il, n’ait pas pensé à l’affaire Bettencourt-Banier, en se lançant sur ce projet. Impossible qu’il n’ait pas songé au climat islamophobe qui pollue l’Europe ces temps-ci, en faisant dire à la reine "Oh qu’elle est belle !" devant l’épouse voilée de son protégé musulman. Si la réalisation du film est efficace mais sans surprise, l’histoire est tellement dingue qu’on en a vérifié sa véracité sur la Toile. Eh bien, dans les grandes lignes, tout est exact : Abdul Karim (très crédible Ali Fazal) a réussi l’exploit d’intéresser la reine à une partie du monde qu’elle ne connaissait pas. Et la vieille reine (Judi Dench, plus coriace que jamais) a pris soin de léguer à son protégé une propriété en Inde pour le protéger de ses ennemis. Sacrée Victoria !
Confident Royal, de Stephen Frears, sortie le 4 octobre.