Depuis ses débuts à la fin des années 90 avec Pi et Requiem for a Dream, Darren Aronofsky ne fait rien comme tout le monde à Hollywood et c'est pour ça qu'on l'aime… souvent. Dans son nouveau film, Mother, incarné par la bankable Jennifer Lawrence, Aranofsky se déchaine rayon bizarrerie ce qui, en soi, n’est pas une mauvaise nouvelle. Dès les premières scènes, Darren impose l'ambiance : glauque et terriblement anxiogène... Ses deux personnages principaux, hagards, mutiques et qui ne porteront jamais de noms, habitent dans une immense maison perdue au milieu de nulle part qu'ils ne quitteront (presque) jamais. Lui, un écrivain en panne d'inspiration depuis des lustres, semble hanté par de mystérieux démons intérieurs. Elle, beaucoup plus jeune, retape la maison de ses propres mains et est victime de malaises et de visions à répétition, la plupart en lien avec ce que l’on devine être un désir de maternité. Vous avez dit étrange ? Ce n'est rien de le dire. Et bientôt, ce sera encore pire car un homme angoissant (qui ne porte pas de nom lui non plus) frappe à la porte et est accueilli à bras ouvert par l'écrivain alors qu'il n'inspire pourtant aucune confiance. Une apparition inattendue qui dérègle un peu plus la psychologie brinquebalante de l'héroïne, à la fois angoissée par l'intrus et de plus en plus assaillie par des sentiments dingos qui s'incarnent sur l'écran...
Un mauvais trip mental ? Une métaphore sur l'enfer du couple ? Un délire dérangeant sur la maternité ? Une grande fresque sur le sort malheureux de l'humanité ? Un peu de tout cela à la fois. On ne spoliera pas la suite du film, qui, il faut le dire, laisse sceptique quant aux intentions profondes de Darren Aronofsky, un cinéaste qui adore les héroïnes au bout du rouleau psy (voir son chef-d’œuvre : Black Swan, avec Natalie Portman), mais qui s'égare parfois dans le grand guignol grandiloquent et pseudo mystique, façon mauvais trip d'acide (voir son navet en forme de péplum : Noé, campé par Russel Crowe). Mother!, avec sa première heure remarquablement flippante et ambiguë et sa seconde qui patauge dans le n’importe quoi, synthétise à lui tout seul son auteur : pour le meilleur et pour le pire, donc. Côté acteurs, Jennifer Lawrence, en héroïne aimante et barrée, assure le job avec une conviction impeccable. On n'en dira pas autant de Javier Bardem qu'on a vu meilleur dans d'autres films. Bref, d’un côté comme de l’autre de la caméra, le bilan de santé de Mother est correct. Un ultime conseil, enfin : les filles enceintes ont d’excellentes raisons d’éviter la fréquentation du film, malgré son titre. On les aura prévenues...
Mother, de Darren Aronofsky, avec Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Michelle Pfeiffer… Sortie le 13 septembre.