Il y a deux jours, dans les couloirs de l’hôtel Normandie, Charlotte Le bon et Pio Marmaï, membres du jury du festival de Deauville, nous avaient chanté les louanges d’un film que l’on avait raté lors des premiers jours de la compétition : A Ghost Story de David Lowery. L’histoire d’un mec qui, après un accident mortel, revient hanter la maison où il vivait avec sa bienaimée : "Un film bien au-dessus des autres ! " nous avait dit Pio avec sa verve habituelle. Quelques heures avant le palmarès, on s’était donc précipité pour voir le film lors d’une ultime projection. Stupéfaction ! Qui peut supporter de regarder sans broncher l’actrice Rooney Mara manger une tarte entière en temps réel avant d’aller se faire vomir dans les toilettes ? Et qui pour dire que Casey Affleck est formidablement expressif sous un drap de fantôme percé de trous pour les yeux ?
Visiblement beaucoup de monde puisque le jury des critiques présidé par la journaliste Danièle Heymann et celui des révélations présidé par la réalisatrice Emmanuelle Bercot ont choisi de récompenser A Ghost Story, œuvre " poétique ", selon les uns, " ode à l’amour " selon les autres, dont chaque plan semble être sorti du portfolio du photographe Gregory Crewdson. "Ce film, c’est du jamais vu ! " s’est exclamée Emmanuelle Bercot qui a dû oublier qu’avant David Lowery, Antonioni et Abbas Kiarostami s’étaient fait une spécialité des longs plans séquence. Après baston, le jury principal, lui, a entendu raison et récompensé le superbe The Rider, joué par des acteurs non professionnels si professionnels qu’ils sonnent désormais le glas des cours de l’Actors Studio. C’est ce film-là qui, pour le coup, nous hantera encore longtemps.
###related###