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"Summer" : trois raisons d’aimer le livre de Monica Sabolo

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C’est bientôt la fin de l’été. Pourtant, pas question de passer à côté de "Summer", l’un de nos livres préférés de la rentrée.

C’est trouble. Les romans de Monica Sabolo sont un peu comme ces pulls en mohair : à première vue, si doux et délicats, ils donnent envie de s’y lover. Mais si on les porte à même la peau, la matière se révèle : elle est rêche, elle gratte. Le monde bourgeois dans lequel évolue Benjamin, le jeune héros de Summer, est à première vue sécurisant et voluptueux. Frappé de plein fouet par le destin -  la disparition soudaine de Summer, la sœur aînée de Benjamin -  il se délite alors, découvrant sous sa surface miroitante un fond saumâtre et tumultueux. "Mon dieu, que je les aime, mon cœur gonfle, une boule de papier – ma famille… "  fait dire l’auteure à son héros au tout début du roman. Dans les livres de Monica Sabolo, ce genre de petite phrase fait froid dans le dos car elle augure mille tourments…

C’est organique. Benjamin Wassner, c’est moi, pourrait dire Monica Sabolo qui semble avoir vécu personnellement les chamboulements hormonaux de son héros. Un adolescent au physique ingrat mais au cœur pur sur lequel la testostérone produit un double effet : tout en rendant son corps désirable aux yeux des filles, elle agit sur son esprit comme un poison : "Connaissaient-ils cette impression d’abriter quelque part, tout au fond de soi, quelque chose de visqueux et d’hirsute, qui pourrait surgir en pleine lumière (… ) ?" Dans sa quête de vérité  - qu’est-il arrivé à Summer ?  - Benjamin apprend à lire comme dans un livre ouvert dans le cœur de celles qui durant son enfance présentait un mystère. Les amies de Summer. Puis toutes ces filles attirées par son "détachement, son absence au monde.""Elles ne supportaient pas l’idée qu’il ait pu arriver quelque chose à ma sœur. Elles étaient si convaincues de leur existence, de leur présence centrale dans l’univers, que l’idée même de la disparation de l’une des leurs leur était intolérable. " Dans Summer, comme dans Cran Montana, le livre précédent de l'auteure, les garçons semblent autant aimer les filles qu’ils les haïssent. 

C’est drôle. L’atmosphère de Summer ne serait que mortifère si l’écrivaine n’y insufflait, par petites touches, de l’humour, à la fois abrupte et saugrenu. Comme lorsque Benjamin détaille les effets de l’expression " brouette espagnole " sur les jeunes esprits : "Des images  troublantes de figures acrobatiques m’apparaissaient dans le noir, mais tout cela demeurait mystérieux, comme pour nous tous d’ailleurs…" Ou qu’il décrit l’attitude de Jill la meilleure amie de sa sœur, qu’il finit par conquérir. "Elle pouvait faire n’importe quoi toute nue. Laver la vaisselle. Fumer devant la fenêtre. Parler de ma famille." On sourit. Puis l’émotion nous cueille, inattendue. "Benjamin, oh Benjamin" s’écrit un personnage féminin. Nul besoin d’en dire plus. Monica Sabolo a l’économie des mots. Mais on aimerait connaître la suite.

Summer, par Monica Sabolo, 315 pages pages, Lattès.


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