#1 Être "juste assez bon"
"Dans nos sociétés actuelles, on ne cesse de nous vanter des buts et des objectifs à atteindre. On nous assène qu’on peut tout avoir (...) L’esprit lagom ne consiste pas à rechercher la perfection, mais la juste mesure," explique Anna Brones. Cela consiste à ne plus se comparer aux autres, ne plus assimiler la lenteur à l’ennui, ne plus donner tous ses points de vie au travail. En Suède, dans l’entreprise, on privilégie ainsi le travail collaboratif : peu importe qui l’a fait, c’est le résultat qui compte. Ce qui évite bien des rivalités et burn out. Hélas, ce n’est pas le cas ici. Ce qui n’empêche pas d’entrer en résistance lagom : on fait les choses, mais point trop n’en faut.
#2 Faire des "pauses fika" au travail
La fika est une pause suédoise institutionnalisée dans toutes les entreprises, qui lui consacrent même une pièce dédiée : la fikarum. Elle consiste à faire deux coupures, en fin de matinée puis en début d’après midi, afin de prendre un café et grignoter avec ses collègues. Dans la vision du travail suédoise, elle est garante du bien-être des salariés, et donc d’une plus grande efficacité. Durant la pause fika, interdit de discuter des dossiers, on badine pour s’aérer la tête. Hélas, elle est courte : entre 10 et 15 minutes. Mais c’est typiquement lagom ce "ni trop peu, ni trop". Reste à convaincre le boss d’organiser des pauses goûter.
#3 S’aménager un espace "misyg"
Est "mysig" tout ce qui est accueillant et épanouissant, à commencer par la maison, lieu privilégié pour se ressourcer. Un soin particulier est apporté à l’éclairage, qui doit être relaxant, et pas éblouissant. Pour encourager les échanges, on bannit aussi le canapé tourné vers la télé, remplacé par des fauteuils disposés autour d’une table basse. Mais surtout, "nos vies sont chargées, nos intérieurs aussi" constate Anna Brones. Or le lagom enjoint à se désencombrer pour "identifier les choses que nous aimons et qui nous servent." Bref, on arrête d’accumuler pour privilégier le fonctionnel et la qualité, avec un peu de vide pour se vider la tête.
#4 Investir dans une garde robe lagom
Comme pour la déco, un dressing lagom comporte des pièces qui nous ressemblent, de qualité et en quantité raisonnable. "La fast fashion avec ses prix dérisoires qui poussent à la surconsommation est l’antithèse même d’une garde robe lagom", explique Anna Brones. "Au lieu d’une garde robe dictée par les tendances, trouvez le style dans lequel vous êtes bien." Et donc, au lieu d’acheter 5 pantalons pas chers, préférez un pantalon ultra bien coupé, qui dure longtemps. "Renouvelez votre garde robe parce qu’elle s’use, et non pour suivre les caprices de la mode." Oui, le lagom est très écoresponsable.
#5 Manger comme un Suédois serein
Là aussi, le lagom n’est pas copain avec la malbouffe. "La cuisine suédoise repose sur l’utilisation d’aliments non transformés, de produits frais et locaux. Adoptez votre garde manger à la région dans laquelle vous habitez," conseille l’auteure. Bref, consommer locavore, pour faire du bien à la planète. Ce qui n’empêche pas les petits plaisirs. Les Suédois raffolent de l’aquavit, alcool national, et des gâteaux maisons chargés en sucre réconfortant. Donc il ne s’agit pas de se priver, mais de manger sain, sans oublier de se faire plaisir "juste ce qu’il faut."
#6 Apprendre le ici et maintenant
"On a tendance à réduire le lagom à une forme d’ascèse et de renoncement. Mais pratiquer la modération, c’est apprécier ce que l’on a plutôt que ce que l’on n’a pas," note l’auteure. L’esprit lagom, c’est donc se détacher des choses matérielles, pour s’ancrer dans le moment présent, et ne plus se fixer des objectifs inaccessibles "qui finissent par nous obnubiler et nous empêcher de vivre."Être lagom, c’est aussi se débarrasser de tout ce qui encombre l’esprit : regrets, colère, frustration. Ce qui passe aussi par quelques heures de déconnection chaque jour et des liens sociaux entretenus dans la vraie vie plutôt que sur Instagram.
#7 Se reconnecter avec la nature
"De plus en plus d’études mettent en garde contre le manque d’exposition aux espaces naturels," rappelle Anna Brones, qui évoque un nouveau mal : le "trouble du déficit de nature." Ce qui n’arrivera pas aux Suédois, qui passent leur vie dehors. Même après le bureau, ils filent marcher une bonne heure, au vert. Mais pas besoin de vivre à la campagne pour recharger son énergie mentale. Même faire un tour dans la ville, ou mieux, au square d’à côté, régénère. Et le week-end, filer contempler les couleurs automnales dans un coin de nature. Pour garder la pêche psychique, il parait que c’est mieux que n’importe quelle séance de fitness dans une salle sentant le renfermé.
#8 Vivre mieux avec moins
"Mener une vie plus équilibrée, c’est avant tout vivre de façon plus durable,"écrit l’auteure. Avoir un bon karma lagom passe donc par les règles écologiques de base : réduction de ses déchets, achats d’occasion, économie d’eau et d’énergie, recyclage. Ainsi, on réapprend à faire quelque chose de ses dix doigts, par exemple en transformant une pile de vieux sweat-shirts en couverture patchwork (ce temps passé à essayer de faire un truc pas trop moche sera autant de temps passé loin des magasins). "Vivre lagom, c’est trouver le bonheur non pas dans les biens matériels ou dans la réussite sociale, mais en ayant une existence harmonieuse." Alors au boulot.
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