Un Dj avec une afro s’époumone sur scène, tandis que dans la salle, éclairée par une boule à facettes, les clubbeurs en pattes d’éléphant et robes à paillettes font leur plus belle démonstration de danse. Cette scène ambiance Saturday Night Fever, avec un soupçon de Scorsese pour la violence impromptue, est à l’image de l’épisode pilote de The Get Down : pleine de folie et d’énergie.
Imaginée par Baz Luhrmann (Moulin Rouge et Gatsby Le Magnifique), la nouvelle série de Netflix surfe sur deux tendances actuelles : une propension à regarder vers le passé et un attrait pour le monde de la musique. Après Vinyl, nous voilà encore transportées dans le New York des années 70, cette fois dans un univers plus soul que rock. The Get Down s’intéresse à un moment capital dans l’histoire culturelle : la naissance du hip-hop dans les quartiers du Bronx, personnifiée par une bande d’ados ne vivant que pour leur passion. Un projet ambitieux qui aurait pu tourner court tant le style du cinéaste australien est parfois clinquant et kitsch à souhait.
Bonne nouvelle : si sa patte est visible à chaque instant dans les deux premiers épisodes, ce goût pour l’ostentatoire donne un supplément de vie à la série. Sans surprise, le cinéaste opte pour une mise en scène artificielle (mouvements de caméra évidents, multiplication des ralentis, explosion de couleurs), un cocktail pyrotechnique formel qui met en relief ses différentes influences. A commencer par cet esprit Broadway-esque animant les ruelles du quartier new-yorkais. Comme dans un épisode de Fame, la musique et la danse sont omniprésentes, à tel point que les personnages se dandinent dans des tableaux rappelant parfois des décors de théâtre.
Certains pans de l’intrigue semblent relever d’univers complètement différents. Ainsi la relation entre Ezekiel (excellent Justine Smith), jeune poète se découvrant un attrait pour le rap, et Mylène, une adolescente aspirant à devenir chanteuse, prend des airs de Roméo et Juliette. Shaolin (Shameik Moore vu dans le très bon Dope), l’acolyte du jeune garçon, semble tout droit sorti d’un film de kung-fu ou de super-héros. Quant aux scènes dans lesquelles apparaît un gang local, elles rappellent immédiatement la guerre des clans de West Side Story.
Baz Lurhmann s’inspire aussi largement des films de Blaxploitation (genre en vogue dans les années 70) avec sa galerie de héros cools et de gangsters, et les clichés associés. L’ensemble vire davantage vers la satire que vers la reconstitution fidèle, malgré des inserts d’images d’archives ou une bande son entêtante (point "Daddy Cool" atteint). On ne va pas s’en plaindre… Mené par des comédiens de talent (dont Giancardo Esposito, mythique Gus Fring de Breaking Bad), The Get Down offre un spectacle jouissif et plein de virtuosité. De quoi donner envie d’aller fouler le dance floor sur un morceau de Boney M. Reste à voir si cette atmosphère électrique se suffira à elle-même sur la longue durée, le scénario étant, pour l’instant, plutôt convenu. Qu’importe, le plaisir est là.
The Get Downcréée par Baz Luhrmann avec Justice Smith et Shameik Moore. Saison 1 disponible sur Netflix à partir du 12 août 2016.