#1 Comment évaluer les dégâts ?
On aimerait bien avoir un bouton rouge qui s’allume pour nous signaler quand on ne fait pas assez l’amour. Mais non. “Comme pour l’éjaculation précoce, ce n’est pas une notion de temps mais de ressenti, il n’est pas question de fixer une fréquence ‘acceptable’ explique Philippe Arlin, psychologue et sexologue. Mais à partir du moment où un des deux partenaires n’est pas satisfait, il faut se poser des questions. Si le problème vient du fait que le couple ne fait plus l’amour cinq fois par jour comme lors de ses débuts, il n’y a pas de vrai problème, mais si l’un des deux entre dans un processus où il se force une à deux fois par mois pour faire plaisirà son conjoint, il faut intervenir. “
#2 Un problème de construction sociale
La baisse du désir est à 80% féminine. Selon notre expert, cela n’a rien de biologique : “C’est lié à la condition de la femme à travers l’histoire et à la domination masculine qui sévit depuis des siècles. Autrefois, une femme qui exprimait son désir, c’était inconvenant. Les seules envies que les femmes ont appris à avoir sont en réponse au désir de leur mari. Et elles ont toujours dû se méfier de ce désir car il les mettait en danger de tromper leur mari et de tomber enceinte hors-mariage. Et même si depuis une cinquantaine d’année on progresse sur les droits des femmes, les constructions sociales liées à la sexualité féminine ont toujours la dent dure“.
#3 Les hommes aussi sont concernés
Si vous demandez à un homme s’il a tout le temps envie de faire l’amour, il y a de grandes chances pour qu’il vous réponde “évidemment que non, sauf que dans votre tête on est câblés pour avoir toujours envie“. Là, on plaide coupable. “Culturellement, un homme qui n’a pas envie est un homme qui va voir ailleurs, qui n’aime plus sa femme, ou qui s’est trompé d’orientation sexuelle, explique Philippe Arlin. Cela pose un problème bien plus grave car la perte du désir chez l’homme est incompréhensible pour la femme. Cela peut provoquer des crises, un sentiment d’humiliation qui peut vite devenir ingérable“. Chillax donc, s’il vous dit “non, désolée je suis épuisé ce soir“, à moins que ce soit la cinquième fois de la semaine, c’est sûrement la vérité.
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#4 Ne plus faire l’amour, pourquoi c’est grave ?
Finalement, pourquoi un couple serait-il obligé de faire l’amour ? Selon Philippe Arlin, c’est avant tout un problème d’intimité : “Quand on ne fait plus l’amour, on finit par ne plus se faire de câlins. Quand il y a un problème de désir, une envie de câlin va devenir synonyme d’une envie de sexe. Chaque geste de tendresse va être pris comme une invitation à aller plus loin et a donc toutes les chances d’être rejeté. La tendresse gratuite doit continuer d’exister sinon la relation ne va s’articuler qu’autour des conflits et l’harmonie du couple va être remise en cause. “
#5 Action-réaction
Des couples en disette sexuelle, Philippe Arlin en voit toute la journée : “Il faut d’abord identifier les causes de la perte de désir, il y en a deux principales : la première c’est la saturation du désir de l’homme, la femme ne voit plus l’homme qu’elle aime mais un obsédé sexuel. Dans ce cas, je leur propose de s’accorder des moments de tendresse avec interdiction que ça dérape, pour réintégrer de l’intimité. Ensuite, il y a le fait que les femmes ont encore trop souvent une mauvaise image de leur corps et en particulier de leur sexe. Il faut apprendre à connaître son désir sans que ça passe par l’homme et casser ce mythe de l’amant idéal, révélateur de plaisir“. Une fois ce travail accompli, il reste le problème de la charge mentale : “L’excitation de l’homme peut être là, mais si la femme est accaparée par ses obligations, son désir ne va pas monter aussi vite et la réponse sera non, prévient le sexologue. Il faut que l’autre puisse entendre son désir, donc créer une atmosphère de détente, lui donner un espace de calme bien avant le moment d’aller se coucher, programmer un peu le spontané“.
#6 Comment rester vigilants
La meilleure façon de prévenir le problème, c’est justement de ne pas le poser et d’être détendu sur la question. “Il faut relativiser et ne pas tout mettre sur le dos du sexe, c’est un truc chouette qu’on partage, ce n’est pas une condition sinequanone au couple. Le mieux est de ne pas mettre de pression sur le sujet au risque de créer des conflits inutiles, conseille Philippe Arlin. Soyez d’abord concentré sur votre rapport à l’autre, s’il n’y a plus de bienveillance et de qualité dans l’échange, cela se répercutera au lit“.
Réveillez votre désir ! de Philippe Arlin, sortie en septembre aux éditions La Musardine et de Sexuellement incorrect, Éditions de La Martinière, 17,50€