Si Freddy Mercury, les Village People, ou même Al Pacino dans Cruising avaient adopté la panoplie bottes-harnais-casquette en cuir, c’est grâce (ou à cause ?) de lui, Tom of Finland, pseudo trouvé par des Américains pour le jeune Touko Valio Laaksonen. Un dessinateur finlandais dont la haine pour la violence et l’autorité est à la base de sa créativité débridée. Echangés sous le manteau à l’issue de le seconde guerre mondiale, ses dessins érotiques non dénués d’humour, où de jeunes hommes hyper moulés se cravachent à tour de bras, sont remarqués par des éditeurs californiens dans les années 70. C’est le début de la gloire. De l’austérité finlandaise à l’hédonisme californien, le réalisateur Dome Karukoski nous transporte dans des univers antagonistes stupéfiants où les femmes semblent tenir une place de second plan. Pourtant, de tous les personnages du film, c’est peut-être celui de la sœur de Tom of Finland (formidable Jessica Grabowsky) qui est le plus intéressant. Tout en adorant son frère, Kaija est terrifiée par les risques qu’il prend. A un moindre niveau, quelle jeune fille n’a jamais porté ce regard à la fois protecteur, admiratif et réprobateur sur le comportement aventureux d’un ami gay ? C’est aussi ce sentiment subtil et ambigüe qu’explore ce film édifiant, récit d’une liberté chèrement gagnée.
Tom of Finland de Dome Karukoski, sortie le 19 juillet.