A première vue, Anna est une maman idéale : joyeuse, pleine de vie, en totale symbiose avec Nathan, son petit garçon de dix ans. Pourtant, petit à petit, le doute s’installe dans notre esprit. Anna est "trop" : trop émotive, trop versatile, trop fusionnelle. Qu’est-ce qui ne va pas chez elle ? L’ex-mari d’Anna (Augustin Legrand, tout en inquiétude butée) semble avoir, lui, la réponse : il exige et obtient la garde exclusive de Nathan. Apprenant la nouvelle, Anna enlève son enfant à la sortie de son école et l’emmène en Colombie, dont elle est originaire, avec un amant de passage rencontré dans un bar. La force du film réside dans son ambiguïté : qui a tort ou a raison dans cette histoire ? Anna est-elle victime d’un mari revanchard ? Où est-elle totalement irresponsable ? En semant des embûches sur le parcours de son héroïne, le réalisateur Jacques Toulemonde Vidal s’amuse à jouer avec nos nerfs, tout comme les personnages eux-mêmes - le gamin insupportable, le boyfriend complaisant, l'ex-mari buté - à qui on mettrait bien des claques. Sans doute parce qu’on les a croisés un jour, et plus sûrement parce qu’ils nous ressemblent. Mais le cinéaste leur offre aussi l’occasion de se racheter. De montrer leur grandeur. Si bien qu’à la fin du film, ils ont toute notre affection : le gamin, l’amant, le mari. Et surtout Anna, interprétée avec une intensité déchirante par la géniale Juana Acosta.
Anna de Jacques Toulemonde Vidal, sortie le 5 juillet.