Cinq minutes après le début de Le Caire Confidentiel, on a poussé notre voisine du coude "Hé, mais il est super ce film !". Une réaction pleine de préjugés, maintenant qu’on y pense, car elle signifie qu’on sous-estimait d’emblée un polar sans aucune star au générique, dont l’action se passe non pas au milieu des gratte-ciel new-yorkais mais dans les rues poussiéreuses de la capitale égyptienne. Reprenant les codes du film noir (la corruption sur fond de "crasse" urbaine, la femme fatale, le criminel psychopathe...), Le Caire Confidentiel est à la hauteur des grands thrillers hollywoodiens. Avec quelque chose en plus : son contexte historique. Car c’est lors des prémices de la révolution égyptienne que le héros du film, flic harassé par ses propres veuleries, apprend la vertu en enquêtant sur l’assassinat d’une chanteuse. En un minimum de plans, le réalisateur Tarik Saleh en dit le maximum : une patrouille en ville - caméra à l’intérieur du véhicule – révèle l’état de corruption du pays ; le simple regard réprobateur d’un policier en direction de snipers suffit à démontrer que la révolution va tourner à l’avantage du peuple. Ce qui n’empêche pas Tarik Saleh d’oser un moment de pur romantisme : lorsque son héros écoute, hypnotisé, le chant d’une beauté fatale dans un bordel du Caire. C’est presque Roger Rabbit découvrant Jessica dans un bouge !
Sortie le 12 juillet prochain