Rescapée du camp d'Auschwitz, ministre de la santé de 1974 à 1979, et ex-présidente du Parlement Européen, Simone Veil a mené bien des combats. Lorsqu'en 1975, elle fait voter la loi sur l'interruption volontaire de grossesse, qui porte désormais son nom, elle devient une des plus grandes figures féministes de notre temps, un symbole des droits des femmes. Initialement, c'était au garde des Sceaux, Jean Lecanuet, de défendre ce projet c'est finalement la ministre de la Santé qui montera à la tribune. Elle sera l'avocate de cette loi. Un combat très pénible qui lui a valu bon nombre d'injures. Son discours prononcé à l'Assemblée nationale à 3 heures du matin lors du débat sur cette fameuse loi restera gravé dans les mémoires.
Certains ont même juré l'avoir vu pleurer en allant se rasseoir sur les bancs de l'Assemblée après ce discours. Des propos qu'elle démentira des décennies après à l'Express, mais aussi au journal de France 2 : "Eh bien non, je n’ai pas le souvenir d’avoir pleuré, il devait être 3 heures du matin, mon geste indique que j’étais fatiguée mais je ne pleurais pas", expliquera-t-elle. Toujours solide comme un roc.
Le soir même, la loi sera votée par 284 voix contre 189.
Malgré l'avancé considérable que représente cette disposition, Simone Veil n'en est pas moins restée humble, tout au long de sa vie : "La reconnaissance à mon égard pour cette loi m’étonne toujours, et je continue de penser que la loi Neuwirth autorisant la pilule est beaucoup plus importante", a-t-elle confié à Libération.
Lorsque la journaliste du journal Le Monde, Annick Cojean, lui a demandé si elle était féministe, Simon Veil a tout simplement répondu : "Je ne suis pas une militante dans l’âme, mais je me sens féministe, très solidaire des femmes quelles qu’elles soient… Je me sens plus en sécurité avec des femmes, peut-être est-ce dû à la déportation ? Au camp, leur aide était désintéressée, généreuse, pas celle des hommes. Et la résistance du sexe dit faible y était aussi plus grande."
Simone Veil s'est éteinte ce vendredi 30 juin 2017 à l'âge de 89 ans, elle est et restera un personnage historique, une figure des droits des femmes, qui a mené un combat sur un sujet tabou à l'époque. Elle a contribué à faire avancer l'égalité hommes/femmes et à faire évoluer les mentalités. Pour tout ça, les femmes françaises lui disent merci.