La Palme d'or
Ce que l’on souhaiterait :
Une nouvelle palme pour la France ! Avec 120 battements par minute, son film sur les années Act Up qui met en scène des jeunes militants de l’association en lutte et amoureux, Robin Campillo a signé la fiction la plus émouvante et inspirée d’un Festival qui n’en comptait pas beaucoup. Au cas où le jury choisirait d’ignorer cette pépite, on ne lui en voudrait pas s’il honorait le merveilleux Musée des merveilles (Wonderstruck) de Todd Haynes, l’évocation 100 % subtile de deux enfants sourds à un demi-siècle de distance.
Ce qui est probable :
Pas grand-chose ! La 70ème édition du Festival de Cannes a été avare en chocs, découvertes et œuvres stimulantes. Si les deux films cités plus haut sont ignorés, le très austère et très convaincant Faute d’amour, de Andreï Zviaguintsev pourrait séduire le jury. Idem pour le vaudeville tordu et ivre du Coréen Hong Sangsoo : Le jour d’après. Constat : lors d’une "petite"édition comme celle-ci, où aucun film n’écrase tout sur son passage, tout, vraiment tout peut arriver.
Le prix d'interprétation féminine
Ce que l’on souhaiterait :
Elle n’a que 26 ans, mais il n’y a pas d’âge pour être consacré. Dans L’amant double, de François Ozon, une plongée trouble et stylée dans les mystères de l’identité et du fantasme, Marine Vacth crève littéralement l’écran et confirme que son talent inouï est à la hauteur de sa beauté singulière.
Ce qui est probable :
Il n'y avait pas (peu) de grands films et pas (peu) de prestations ébouriffantes cette édition. Pas sûr, par exemple, que Nicole Kidman, deux fois en lice - Mise à mort du cerf sacré, de Yorgos Lanthimos et Les Proies de Sofia Coppola - remporte le prix qui lui semblait promis, vu la qualité relative des deux films. Si tout se passe bien, Marine Vacth a donc toutes ses chances.
Le prix d'interprétation masculine
Ce que l’on souhaiterait :
Louis Garrel en Jean-Luc Godard, sur le papier, cela faisait un peu, voire très peur. Divine surprise : l’acteur est juste épatant dans le film de Michel Hazanavicius, Le redoutable, qui évoque la déconfiture artistique et intime du cinéaste phare de la Nouvelle Vague. Autre choc : la prestation du jeune et formidable Nahuel Perez Biscayart dans 120 battements par minute, de Robin Campillo. Si le film ne décroche pas la Palme d’or ou le Grand Prix, ce serait la moindre des choses de voir son acteur principal célébré.
Ce qui est probable :
Robert Pattinson peut énerver, mais sa prestation en braqueur de banque protégeant son frère dans Good Time, des frères Safdie appelle le respect et semble inviter au consensus. Si l'acteur, grand favori, est honoré, il n’y aura vraiment pas de quoi hurler au scandale. Choix alternatif pour le jury s’il souhaite décerner son prix à un "grand" acteur : saluer Vincent Lindon, une nouvelle fois impérial les mains dans la glaise dans Rodin, de Jacques Doillon.