Cannes l’aime bien, Kristen Stewart. Ce soir-là, Thierry Frémaux, le grand vizir du festival, le reconnaît lui-même : "Quand on a su que Kristen Stewart avait réalisé un court métrage, on lui a dit "Pourquoi ne viendrais-tu pas le présenter ici ?" Pas sûr qu’un étudiant de la FEMIS, aussi brillant soit-il, ait droit à un pareil honneur. Seulement voilà : Kristen Stewart attire les foules. En particulier la génération Twilight dont une partie s’est rassemblée dans le palais du festival pour accueillir son idole. Plus lookée que jamais : boule (presque) à zéro, comme Cara Delevingne rencontrée la veille (une tendance est née ?), hauts talons et mini brassière à fronces sur robe archi moulante. Une sublime apparition. Avec ce qu’il faut de timidité et d’épaules voûtées pour qu’on ne la juge pas prétentieuse. Et le film? Il démarre par une énorme vague, noire et grondante, qui s’apprête à submerger un beau nageur. Et quand on dit "beau", on veut dire beau comme dans les films indé américains, c’est-à-dire "pas beau mais sexy", vous voyez ?
Une fois que la vague a déferlé, il reste toujours beaucoup d’eau. Elle imbibe toute les scènes de ce court métrage de dix-huit minutes : le héros la régurgite, une voiture s’y enfonce. Répercutées dans la salle tel un écho, des voix interpellent. Parmi elles, celle de Kristen. Elles parlent d’une mort inéluctable, d’odeurs nauséabondes : stink (puer), sink (sombrer), ne manque que le Styx, le fleuve des enfers. Car notre héros file un mauvais coton. Il se détériore, il pourrit. Que cherche à nous faire comprendre Kristen Stewart ? Qu’elle s’est noyée dans le star-system ? Et qu’elle n’est, après tout, qu’une simple mortelle ? De ces supputations, le jeune public n’en a que faire. A la fin de la projection, il engloutit la jeune actrice tel un tsunami pour faire des selfies.