Inutile de faire des bonnes résolutions qui tiendront 12h (le régime concombre, c’était sympa en Grèce, pas au boulot). Et si on changeait le monde à la place ? Facile. Il suffit de bannir quelques mots qui lui font du mal… # Challenge
Comme si la vie n’était pas suffisamment un défi, et l’open space le summum de la compétition, le 2.0 s’enflamme tous les 2 jours pour un nouveau #challenge. Seau d’eau sur la tête, super maman, montrer ses seins, ses règles, etc. Si en plus, c’est caritatif, chacun a l’impression de faire avancer la cause… À coups de gros selfies narcissiques. Franchement, est-ce qu’un selfie peut changer le monde ?! Prochain challenge ? L’éradiquer du 2.0.
# Changement de paradigme
Expression dont raffole ceux qui veulent faire leur intelligent pour dire que tout fout le camp. Exemple : "état d’urgence, changement de paradigme juridique." C’est sûr, la civilisation agonise à cause de Pokemon Go. Bref, c’était mieux avant. Ben non. Notre Q.I. a augmenté de 24 points en un siècle, la mortalité par homicide a été divisée par 10, on vit plus vieux, etc. Alors ça change aussi (un peu) en mieux…
# Vegan
À force de traiter de carnistes les amoureux du hamburger, certains vegans n’offrent pas vraiment une leçon tolérance. Sans oublier ces amis convertis qui balancent sur Facebook les insoutenables vidéos du collectif L214 tournées en abattoir industriel, qui dégoûtent longtemps. C’est le but. Comme si leurs galettes de maïs ne pompaient pas l’eau de la planète… Alors, on se déclare une énième guerre idéologique, ou on apprend, enfin, le vivre ensemble ?
# Fitspiration
Avant, les reines du fessier ferme s’appelaient Véronique et Davina. Elles donnaient des cours d’aérobic à la télé, qu’on pouvait regarder juste pour rire. Désormais, les reines du fitness dispensent leurs leçons de vie (hygiéniste) sur Instagram, à coups de postures de yoga impraticables devant le soleil couchant. Pour leur ressembler, il faudrait passer une vie à ne boire que des smoothies de brocoli. Inspirantes ? Surtout pas.
# Ghosting
Tinder a accouché d’un monstre, le ghosting, ou l’art de disparaître sans un SMS. La nouvelle plaie serait même le benching, des mâles qui draguent, mais sans conclure. Sauf que jouer au fantôme est quasi impossible à l’ère du 2.0. Et qu’il suffit de relire Les liaisons dangereuses pour voir que la muflerie est antérieure au smartphone. Donc la prochaine fois qu’on vous ghoste, cessez de geindre que le high-tech a tué l’amour et dites coucou sur sa timeline.
# 21 jours
Miracle ! Plus besoin d’aller au moins 2 ans chez le psy pour éradiquer son addiction aux bad boys (et expurger un passé douloureux), il suffit d’acheter l’un des programmes 21 jours du rayon développement personnel pour "former une nouvelle habitude". S’appuyant sur des études pseudo scientifiques, les méthodes 21 jours prolifèrent, pour être plus heureuse, amoureuse, moins râleuse… Et tellement naïve d’oser y croire…
# Clash
Ca devait être cool quand le mot ne se référait qu’à un groupe de punk. Car désormais, on nous vend 20 crêpages de chignon par jour. Taylor Swift vs Kanye West, Selena Gomezvs Justin Bieber, sans oublier les bastons neuneus de la téléréalité. L’homme prisant les jeux du cirque, on perd une vie à scruter des brouilles de cours de récré fabriquées pour faire du buzz. Autre mot qui nuit à l’humanité en la poussant à faire n’importe quoi pour qu’on parle d’elle. Boycotter le buzz, c’est la sauver ?
# Shaming
Sport consistant à tailler autrui en pièces (body-shaming contre les grosses ou maigres, slut-shaming pour les filles libres… Tiens, ce sont encore les filles qui trinquent) et si courant que le Time s’alarme en couverture : "La culture de se moquer vicieusement des autres est si forte qu’on devient tous des haters". Et 70% des 18-24 ans ont déjà été harcelés sur le web. Désormais, on devient Cristina Cordula sur Twitter : "Ma chérie, tu es sublïïïame…"