Il a 20 ans, des rêves plein la tête et n’aime rien tant que faire la fête avec ses potes après des parties de basket endiablées. Il va tomber de haut. De très haut. Suite à un accident aussi dramatique que stupide (une chute dans une piscine… sans eau), Ben, gravement menacé par la paralysie totale, doit être soigné pendant un an dans un centre de rééducation où, transformé en quasi légume, il doit réapprendre les gestes élémentaires de l’existence - bouger les doigts, se retourner dans son lit - et accepter d’être traité par le personnel médical comme un gosse sans ressorts ni autonomie. Ben compose tant mal que bien avec son corps récalcitrant et ses états d’âme en berne. Sur place, il rencontre d’autres jeunes gens affligés par de lourds handicaps et partage avec eux un quotidien marqué au fer rouge par la souffrance, mais aussi par un désir irrépressible de dévorer de nouveau la vie par tous les bouts comestibles.
Dans Patients, son premier film, le slameur populaire Grand Corps Malade adapte pour le grand écran son livre autobiographique publié en 2012. Un bouquin où il retraçait sa propre histoire de jeune mec de Seine-Saint-Denis frappé de plein fouet par l’abominable et la douleur. Surprise colossale : alors que l’argument du scénario ne semblait en rien promettre une comédie, Patients se distingue par son humour corrosif, ses dialogues explosifs et ses situations hilarantes. Dans ce film ultra surprenant où chaque dialogue et chaque scène vise et touche juste, Grand Corps malade refuse la sensiblerie, le pathos dégoulinant, et décrit avec une drôlerie irrésistible les relations entre des personnages qui, malgré leur triste état, font de leur mieux pour ne pas céder à la désespérance. Drôle, mais évidemment pas que… Si Grand Corps Malade, dans ce premier essai en forme de coup de maître, prend le parti de rire de tout, même et surtout du pire, Patients touche simultanément en plein cœur en mettant en scène avec une infinie pudeur la lutte acharnée de Ben et de ses compagnons d’infortune pour pouvoir de nouveau s’envisager un avenir valide en ce bas monde. Formidablement interprété par de jeunes acteurs méconnus et géniaux (dont la révélation Pablo Pauly dans le rôle principal), le film surprend du premier au dernier plan et secoue en profondeur. Que l’on aime ou pas les prestations musicales de Grand Corps Malade, Patients s’impose comme un petit miracle de cinéma. Pas moins.
Patients, de Grand Corps Malade et Mehdi Idir. Avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly… Sortie le 1er mars.