Pour
Guillaume Canet, 43 ans, bosse comme acteur, enchaîne les triomphes au box-office et surfe sur la vague d’une popularité exponentielle. Tout roule pour lui ? Pas du tout… Affligé de se voir vieillir, il décide de révolutionner de fond en comble son existence. Saisi par une fièvre incontrôlable, Canet veut prouver au monde entier qu’il est resté aussi sauvage que dans ses années post adolescentes. Dans Rock’n’roll, Guillaume Canet s’amuse avec son double affligeant et signe une comédie explosive où il tire à boulets rouges sur le culte du jeunisme, le narcissisme des acteurs et la société du spectacle. Résultat : malgré une sérieuse baisse de rythme dans la dernière partie, le film, nerveux et souvent hilarant, s’impose comme une sorte de rareté dans le cinéma français où humour rime souvent avec médiocrité crasse et consensus mou. Il serait criminel de dévoiler tous les ressorts de cette comédie vraiment surprenante, mais disons juste que Canet n’a peur de rien. On voit Gilles Lellouche, Alain Attal (le vrai producteur du film) et des spécial guest de tous âges et horizons - Johnny Halliday, Kev Adams - faire mine d’incarner leurs propres rôles et l’on ne s’en plaint pas. Mais le clou du spectacle est niché à domicile. Quand il rentre chez lui après voir fait n’importe quoi sur les plateaux de tournage et ailleurs, le Canet de Rock’n’Roll retrouve comme il se doit sa copine Cotillard. Et cette dernière n’est pas la dernière à s’amuser en incarnant une sorte de clone d’elle même. A dix jours de l’inévitable cérémonie des César où la "grande famille du cinéma français" contemplera son nombril, assister à ce casse-pipe incorrect n’a rien d’une corvée.
Par Olivier De Bruyn
Contre
Du rythme, des stars et une bonne dose d’autodérision : la bande-annonce hyper catchy du film Rock’n’Roll avait titillé nos papilles. Bien calé dans notre fauteuil, on était même près à pardonner la présence de Guillaume Canet – impayable avec sa fausse barbe et son faux crâne - au générique d’un des plus mauvais films français de l’année 20016 : Cézanne et moi. Comment expliquer alors le nœud déceptif qui nous a étreint dès les premières minutes du film ? C’est qu’en s’amusant follement avec sa femme – Marion Cotillard– et ses petits camarades – Gilles Lellouche and cie – Guillaume Canet semble avoir oublié qu’il y aurait éventuellement un public pour les observer. Que celui ou celle qui trouve amusant d’entendre Johnny (en guest-star) annoncer "Je vais allumer le feu." en s’approchant d’une cheminée nous jette la première pierre ! Les répliques en québécois de Marion Cotillard s’étendent lourdement sur les deux tiers du film et la parodie de "Si tu m’aime encore" de Céline Dion aurait été hilarante s’il n’avait pas fallu se fader toute la chanson. Tout le reste est à l’avenant : jamais des scènes sur les coulisses d’un tournage n’auront été aussi peu crédibles. La déception est d’autant plus grande que Guillaume Canet, le réalisateur, est en phase avec son sujet dans la toute dernière partie de son film. Lorsque Guillaume Canet, son personnage, se transforme littéralement en monstre dont seule, Marion Cotillard, parvient à déceler l’humanité. Se profile alors une variation intéressante de La Belle et la Bête. Mais il est déjà trop tard.
Par Erick Grisel
Rock’n’roll, de Guillaume Canet. Avec Guillaume Canet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche… Sorti le 15 février.