Le plus romantique : Peter Peter
C’est avec son deuxième album sorti en 2012, Une Version Améliorée de la Tristesse, que l’on remarque ce québécois : on succombe d’emblée à sa pop mélancolique et légère à la fois. Repéré quelques années plus tôt par l’émission montréalaise Ma première place des arts, ce chanteur au visage d’ange impose aussitôt sa sensibilité et sa grâce poétique. Avec ce troisième album joliment baptisé Noir Eden (en grande partie enregistré en banlieue parisienne) Peter Peter impose sa manière d’envisager la chanson, à la fois synthétique et ultra sincère. Moins de guitares, plus de machines et de beats, le tout réuni dans son 35 mètres carrés… En résulte une démonstration de l’étendue de ses talents. On ne compte plus les titres imparables qui donnent envie, instantanément, de les fredonner.
Peter Peter, Noir Eden (Arista/Sony), sortie le 3 février. En concert le 28 février au Café de la Danse.
Le plus éclectique : London O’Connor
A l’origine de ce projet musical, une histoire triste. Né et élevé en Californie, il arrive à New York après le bac où il intègre une école de musique. Il y rencontre celui qui devient son meilleur ami, Davis. Ensemble, ils composent passionnément mais la mort prématurée de Davis le laisse seul face à des morceaux inachevés. London se consacre dès lors à son premier album, travaillant nuit et jour sur ses mélodies, ses beats et ses arrangements. Sorti en 2015, O? (à prononcer “Circle Triangle“) bénéficie d’un bouche-à-oreille et d’une programmation aux Transmusicales de Rennes. Il est ensuite repéré par le label True Panther, qui réédite aujourd’hui ce premier album surdoué, où se croisent électro-pop bricolée et hip-hop ludique. Il l’accompagne de grandes déclarations du type : “ je ne porterais pas autre chose que ce sweat-shirt jaune tant que je ne gagnerais pas plus d’argent que mes parents “. Au vu de l’efficacité de sa musique, et d’un second album en préparation, il ne devrait pas tarder à changer de look.
London O’Connor, O? (True Panther Sounds), sortie le 17 février.
Les plus groovy : Parcels
Ils sont cinq, ont les cheveux longs et des dégaines de surfeurs australiens. Ce qu’ils sont, excepté qu’ils ont choisi de s’installer à Berlin pour travailler leur son, qui brille par son originalité. On y entend du Nile Rodgers, du Parliament, des Bee Gees mais aussi des Kinks dans le funk ultra synthétique du premier EP de Parcels, Hideout. La meilleure manière, sans doute, pour braver le froid mordant de cet hiver, et de s’imaginer en train de danser sous les boules à facettes. Découverte par Gildas Loaëc et Masaya Kuroki, les deux fondateurs de Kitsuné, cette bande de joyeux lurons qui n’hésitent pas à prendre des poses improbables sur les photos et à sautiller de partout lors de leurs shows est bien partie pour rivaliser avec les mastodontes du R’n’B actuel. Pas besoin d’autotune ou de production ultra léchée pour entrainer les foules : l’usage savant de la guitare wah-wah et leurs synthés en folie suffisent amplement pour réinventer un nouveau langage disco.
Parcels, Hideout (Kitsuné). En concert à Paris le 16 février au Point Ephémère.
Les plus barrés : Foxygen
Dès les premières mesures de “Follow The Leader“, on rentre dans l’univers rétro sous influence Broadway confectionné par Foxygen. Ce duo formé par les très doués (mais cinglés) Jonathan Rando et Sam Mendes puisse dans les plus grandes références pop, de David Bowieà Fred Astaire en s’offrant des incursions dans un joli folk californien. Racontant leur vie, leur amitié et leur parcours, Foxygen nous transporte dans l’univers des grandes comédies musicales. Un bel accomplissement pour les deux complices, qui ont grandi au fin fond de la banlieue de Los Angeles et sorti une tripotée de disques avant d’être enfin remarqués il y a quelques années. Enregistré avec un orchestre symphonique de 40 musiciens et arrangé par le maître de la soul US actuelle, Matthew E. White, l’ultra mélodique Hang ne nous lâche plus. Sans conteste l’album pop-rock le plus ambitieux et le plus captivant de ce début 2017.
Foxygen, Hang (Jagjagwar), sortie le 20 janvier. En concert le 25 février au Trabendo.
Le plus 80’s : Juveniles
Juveniles, c’est un groupe mené par un Breton (Jean Sylvain Le Gouic, ça ne s’invente pas) et dont le premier album, paru en 2013, intronisait une vision exigeante de l’électro-pop. Après des tournées internationales et des changements de line-up, il s’allie avec le célèbre producteur Joakim pour ce second album haut en couleurs. On y entend la richesse des influences de Juveniles, de la house au métal en passant par le disco. Le point de vue reste strictement pop, enregistré sur ordinateur puis fignolé sur des tables de mixage analogique. Un contraste qui s’entend sur “Without Warning“, très dansant mais doté d’une distance parfois assez froide, façon Depeche Mode des années 80. Très assorti à l’élégance du dandy Jean Sylvain, qui contrôle de A à Z son projet. Il imagine des tubes comme “Love Me Forever“ (on ne demande que ça !), “Under One Name“, juvénile et mature à la fois.
Juveniles, Without Warning (Capitol), en concert le 7 avril à La Maroquinerie.