Parce qu’il touche en profondeur
Pour une surprise, c’en est une. A 45 ans, le séduisant Ewan McGregor entame une seconde carrière, celle de réalisateur, et ses débuts derrière la caméra n’ont rien d’un caprice d’enfant gâté. Dans American Pastoral, d’après le livre homonyme de l’immense Philip Roth, McGregor met en scène l’histoire de Seymour Levov (incarné par Ewan himself), un Américain qui surfe de triomphe en triomphe dans les Etats-Unis des années 60. Ex sportif croulant sous les succès, Seymour vit désormais le parfait amour avec sa sublime épouse (Jennifer Connelly) et dirige une entreprise où il fait fortune. A tous les étages de son existence, il affiche les signes extérieurs de la réussite et un capital séduction conséquent. Bientôt, la fille adorée de Seymour, Merry, donne d’inquiétants signes de dérèglements. Rebelle, fâchée avec le monde entier et surtout avec elle-même, la jeune héroïne profite de l’agitation politique des Sixties pour s’extraire de son milieu d’origine puis pour disparaître. Seymour, durant des années, part à la recherche de sa fille et s’aperçoit que sa vie, a priori un modèle d’équilibre, n’est qu’un champ de ruine… Dans American Pastoral, Ewan McGregor dresse le portrait d’un homme qui voit tous ses repères s’effondrer. Le résultat, subtil et acide, touche en profondeur.
Parce qu’il est plus qu’une belle gueule
On s’en doutait : son physique très avantageux et ses prestations dans quelques blockbusters du genre pachydermiques (en premier lieu dans la saga Star Wars) ne disent pas tout d’Ewan McGregor. Dans American Pastoral, aussi convaincant des deux côtés de la caméra, l’Ecossais de naissance prouve qu’il aime examiner les zones troubles de l’existence et les personnages égarés dans le labyrinthe de leurs contradictions. Avec élégance et sans un gramme de sensiblerie, McGregor trouble, bouleverse et confirme ainsi ce que l’on pressentait dans ses meilleures prestations d’acteur chez Polanski (The Ghost Writer), Burton (Big Fish) ou Lurhmann (Moulin Rouge) : sa personnalité est profonde et ambivalente. Rien à voir - et c’est évidemment tant mieux - avec celles des beaux gosses interchangeables dont le sourire charmeur, sur les tapis rouges de Cannes et d’ailleurs, camoufle un vide abyssal.
Parce qu’il va encore nous surprendre
Vu la réussite d’American Pastoral, on est évidemment impatient de découvrir ses films à venir derrière la caméra. En attendant, les raisons de se réjouir concernant Ewan McGregor ne manquent pas. En mars prochain, on retrouvera l’acteur dans le très attendu Trainspotting 2, la suite du film punk et culte qui l’a révélé il y a deux décennies dans la peau de Mark Renton, un camé d’Edimbourg qui ne jure que par le rock, la marginalité et la surexcitation de tous les sens. Toujours dirigé par Danny Boyle, Ewan McGregor enfile de nouveau la panoplie déchirée du héros destroy et s’apprête ainsi à démontrer que ses ambitions de réalisateur ne sont en rien contradictoires avec ses désirs éclectiques de comédien. Personne, vraiment personne, ne s’en plaindra.
"American Pastoral", de Ewan McGregor, avec Ewan McGregor, Jennifer Connelly, Dakota Fanning… Sorti le 28 décembre.