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8 névroses réjouissantes de Nora Hamzawi

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Nora Hamzawi, c’est Woody Allen en fille. Elle sort un livre* jouissif dans lequel elle raconte avec mordant le quotidien... et ses petites pathologies qui déculpabilisent d’être un peu dingue aussi.

#1 Conflits maternels
Franchement, qui peut dire que sa mère est géniiiiale ? Une qui vit encore avec à 47 ans ? Une qui a une " mère copine " (profil que Nora étrille de façon jubilatoire) ? Bon, sûrement aussi " une fille adulte, libre et indépendante qui se moque du regard de sa mère". Hélas, la génitrice de Nora a les yeux déformants qui la rendent plus grasse, et plus fauchée. Elle lui a aussi proposé un pédopsy petite, ce qui lui a fait penser qu’elle était l’abominable Chucky. Mais au fond, qui aime bien châtie bien, et l’humoriste prouve que critiquer sa mère est un sport bien plus défoulant que le kick boxing.

#2 Auto apitoiement complaisant
La demoiselle avoue s’adonner à des séances de nombrilisme mélancolique consistant à écouter en boucle des chansons tristes (13 Nothing Compares de Sinead O’Connor, 22 Creep de Radiohead...) tout en ressassant des souvenirs sinistres, jusqu’à pleurer " comme une dépressive ". Elle appelle ça " s’auto-dramer, ou l’art de se mettre en scène seule dans un drame psychologique sans scénario." Mais la vie d’adulte est bourrée de contraintes empêchant de s’auto-dramer souvent. Dommage, car c’est une bonne façon de s’occuper de soi : après s’être auto-dramé, on apprend aussi à s’auto-consoler comme une grande... 

#3 Vie fantasmée (ou insatisfaction chronique)
Nora a un vice, faire du " lèche écran " : remplir des paniers virtuels de fringues, meubles et aliments sains (avant de se rabattre sur les nouilles chinoises instantanées)... qu’elle n’achète jamais. Ils lui permettent juste de fantasmer une vie meilleure, sapée en top vivant dans un loft à Brooklyn (parce que quand elle achète vraiment le slim, il dépasse de sa jambe comme une trompe d’éléphant). Dans le même esprit, elle consulte compulsivement les annonces immobilières en imaginant qu’un appart toujours mieux métamorphosera sa vie. Bref, on pense vraiment toutes que nos vies seraient plus mieux si on gagnait au loto.
 

#4 Besoin de séduire son psy
En thérapie, les psys ont " l’écoute flottante " : ils ferment les yeux, mais en restant vigilants aux mots importants (" inceste " ou " caca " les stimulent bien, par ex). Hélas, l’écoute flottante finit parfois en vrai roupillon. Et le sentiment d’abandon peut être rude pour le patient. Nora a la parade : garder son psy en alerte en ponctuant ses confidences de " Vous ne trouvez pas ? Vous n’êtes pas d’accord ? J’ai raison, non de penser ça ? ". Elle éprouve aussi des petites victoires quand elle fait rire son psy. Bref, elle a besoin de lui plaire, et c’est rassurant pour toutes les filles qui doutent et voient un psy...
 
#5 Rivale imaginaire
Certaines osent dire qu’elle ne sont jamais jalouses. C’est un peu comme si elles disaient qu’elles n’ont pas de transit. Car la jalousie est un écoulement naturel de l’âme. Autant assumer. Nora a directement son " ennemie imaginaire " : une fille " légère, nature, marrante, spontanée " dont son mec ne devrait pas tarder à s’amouracher, saoulé par son pathos. Son psy lui dirait que cette ennemie, c’est son moi idéal. Mais Nora montre surtout que c’est normal d’avoir peur d’être délaissée pour une créature qui " porte la paire de talons avec laquelle je n’ai jamais réussi à marcher sans Compeed plus de vingt minutes"...

#6 Dépendance affective
Rester amie avec son ex parce que bon, on se quitte, c’est la vie ? Jamais ! " Tu me quittes ? Mais meurs ! " Dans la rupture, elle admets être lamentable au point d’avoir déjà " unfriendé ", puis " requesté », puis " unfriendé ", puis " requesté " un ex. Et aussi chialé toute la nuit en écoutant Scorpions " jusqu’à 7h du mat’, en buvant un vin rouge dégueu à 2,90€" et en " fumant une cartouche de clopes". C’est aussi le genre de fille à s’endormir en mettant son iPhone sous son oreiller pour être sûre d’entendre le texto du type qui vient de la quitter (texto qui ne vient jamais, évidemment). Merci de nous faire sentir moins serpillières...

#7 Profil phobique
Elle l’avoue, elle lit les horoscopes et peut prendre son psy pour un voyant. D’ailleurs elle en a aussi vu un. Ce n’est pas sa faute, ce sont les maths qui lui sont restées hermétiques. Or les maths, c’est la logique, " une seule solution ". Donc si elle est incapable de se raisonner, c’est parce qu’elle n’a jamais su raisonner. Ce qui occasionne une vie sous tension (dont la phobie de l’avion), une hypocondrie galopante (narrée avec brio) et l’incapacité d’être vraiment cool au milieu des gens cool. Tant mieux, c’est ce qui lui donne son regard corrosif sur le quotidien... et nous rassure sur toutes nos trouilles.

#8 Complexes
La fille sublime sur Instagram ? Pas elle. Aux fêtes, sur les clichés, ça donne plutôt : " moi la bouche pleine, mon strabisme et moi, ou encore moi et mon triple menton de Noël." Son " corps n’est pas cool non plus " depuis l’enfance, quand, pataude, elle marquait des buts contre sa propre équipe. À cette époque, elle s’imaginait " avec des jambes beaucoup plus longues, des looks incroyables et des traits physiques " qui ne sont pas les siens. À la place elle porte une frange, ce " bouclier de fourrure " qui cache elle ne sait quelle névrose. Bref, Nora s’aime moyen, et ça en fait une amie.

* 30 ANS (10 ANS DE THÉRAPIE), DE NORA HAMZAWI, ÉDITIONS MAZARINE
 

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